Mine de rien, cela fait vingt-cinq ans qu’Hugo Chastanet chante une belle pop mélodique. Vingt-cinq ans et un cinquième album qui sonne comme une nouvelle naissance, ou une renaissance. Ce Dix chansons naturelles et sauvages est sûrement son disque le plus personnel. La preuve les quatre premiers albums (La formule en 1996, La nuit des balançoires en 2005, L’homme du soir en 2014 et Avalanche en 2016) sont signés uniquement de son prénom et pour celui-là son nom apparaît.

Un disque enregistré seul avec sa guitare. Une évidence après avoir essayé pour cet album plusieurs formules avec d’autres musiciens. Des formules qui n’ont pas fonctionné, en tout cas le résultat ne lui convenait pas. Et puis le confinement est passé par là. Bertrand Burgalat l’a également convaincu de continuer à enregistrer l’album de cette façon.

Il fallait revenir à l’essentiel de sa musique, tout ce que l’on aime de sa musique, repasser par une sorte de simplicité : une pop aux lignes claires, un soin apporté aux mélodies et aux textes. Une pop gracile et fragile, un peu comme sa voix qui flirte avec les aigus, avec une légère pointe de mélancolie. Mais une mélancolie positive, influencée par les romans de Steven Millhauser. Et puis toujours cette envie de concilier une certaine idée d’une pop francophone presque disparue (la reprise de "Que Marianne était jolie" de Michel Delpech) et la pop anglo-saxonne, avec un axe allant grosso modo de Paddy McAloon à Eliott Smith en passant par Neil Young ou Van Morrison. Ce n’est pas pour rien s’il est signé depuis ses débuts par deux labels Belges (Crammed Discs puis Hot Puma Records).

La finesse, la justesse de ton, une belle écriture, le naturel et la sobriété permettent, dans une configuration guitare et voix qui ne laisse pas la place à l’approximation, à ces belles chansons pleine d’émotion de s’épanouir totalement. Une belle réussite.