Un nouvel ouvrage de Vivian Gornick est toujours un immense bonheur pour moi. Je suis tombé amoureux de l’écriture de cette femme avec la lecture de l’ouvrage Attachement féroce publié il y a déjà quelques années chez Rivages.
Alors l’ouvrage Inépuisables qui vient de sortir aux éditions Rivages est l’occasion de reprendre contact avec la plume de celle qui est considérée comme une figure incontournable du féminisme mais aussi comme une critique littéraire respectée.
Avec cet ouvrage, l’occasion lui est donnée de nous proposer une revisite des auteurs qui ont marqué sa vie avec toute l’intelligence et l’acuité qui la caractérisent. Car oui, Inépuisables est un mélange de souvenirs de lecture(s) et de critiques littéraires, c’est une plongée au cœur des lectures qui ont accompagné son existence.
Vivian Gornick revient donc sur des œuvres essentielles, lues et relues, perçues différemment selon l’âge et l’expérience. Dans cet écart entre ses souvenirs et les impressions nouvelles que lui procurent des œuvres chéries, elle met au jour des fragments de sa propre biographie. C’est bien là la force et le talent de cet ouvrage dans lequel elle mêle les deux de façon magistrale.
Vivian Gornick insiste sur la relecture des livres que l’on possède. Pour elle relire, c’est ajuster le souvenir que l’on peut garder d’un roman, mais en même temps c’est aussi revoir notre propre perception de nous-mêmes. Relire des œuvres que l’on a adorées permet de s’enrichir sur le plan littéraire mais aussi de mieux se comprendre personnellement. Il est vrai que très souvent, lorsqu’on relit un livre lu il y a bien longtemps, on découvre des choses que l’on n’avait pas forcément repérées lors de la première lecture.
Alors du coup, elle nous parle de ses lectures importantes, de Colette, de Duras, de Doris Lessing ou encore de Natalia Ginzburg. Elle nous parle aussi d’Elisabeth Bowen, de D.H Lawrence, de Pat Barker et le regard qu’elle porte sur ces auteurs nous donne terriblement envie d’aller les lire. A chaque fois ses lectures lui permettent de se retourner sur son enfance dans le Bronx, ses relations complexes avec sa mère, son rapport aux hommes, sa découverte du mouvement de libération des femmes et surtout la révélation de sa vocation d’écrivain. On remarquera d’ailleurs que la plupart des lectures dont elle nous parle sont des lectures féminines.
Avoir voilà, Vivian Gornick nous prouve avec son ouvrage qu’en plus d’être une grande écrivaine elle est aussi une lectrice géniale. Avec son dernier ouvrage particulièrement singulier, elle nous livre un making-of de l’icône de la culture américaine qu’elle représente à nos yeux, servi par une bonne dose d’intelligence et d’humour. On ne peut qu’être en admiration de cette grande femme de la littérature américaine. |