Comment célébrer autrement Beethoven tout en gardant l’esprit musical et l’aspect psychologique du compositeur ? C’est à cette question que le très bel ensemble La Symphonie de Poche propose une réponse. Un ensemble original emmené par son chef et fondateur : Nicolas Simon, composé d’un accordéon, d’une harpe, d’un quintette à cordes, d’une flûte traversière, d’un marimba, de clarinettes et d’un saxhorn baryton avec la volonté d'approcher la musique d’une manière différente.

Nous avions déjà été conquis par leurs versions des musiques de Ravel et Lalo, il en va de même avec ce nouveau disque.

Basée sur une réelle trame narrative, cette symphonie réinventée est en cinq mouvements avec un prélude et trois interludes. A chaque mouvement son argument : "L’apprentissage", "L’immortelle bien aimée", "La révolte", "La mort du héros". A l’intérieur les différents thèmes (symphonies, concerto pour piano n°5, Fidelio, sonate pour piano n°14, quatuor à cordes n°16...) sont comme des pièces d’un puzzle ou d’un tangram, que l’on s’amusera, parce qu’il y a aussi beaucoup d’humour, à écouter et laisser comme tel. On ne cherchera pas à remettre en place les thèmes mais plutôt on se plaira à écouter ce nouvel agencement comme un matériau nouveau, des sonorités, avec son lot de réminiscences, mais nouvelles.

Naturellement il y a de l’audace, de la maestria et de la subtilité dans ce jeu musical (sur les phrases musicales, les lignes mélodiques, les atmosphères, l’instrumentation), tout à fait pertinent. Dans l’interprétation également. On retrouve tout la force expressive, la puissance mélodique, les couleurs, l’écriture Beethovenienne.

Si, à la fin des années 70, Pierre Henry avait déconstruit les neufs symphonies pour en créer une dixième, c’est dans un esprit pas si éloigné que La Symphonie de Poche, Nicolas Simon avec l’aide de l’arrangeur-compositeur Robin Melchior en offrent une onzième. Jouissif !