Premier roman de Fabrice Capizzano¸ La Fille du chasse-neige est une tranche d’histoires dans la grande histoire. A la fois roman social et histoire d’amour, l’œuvre raconte les humains dans ce qu’ils ont de meilleur, et de pire.

Ça se passe à la campagne, là où il y a des bas-côtés le long des routes et où les arbres font des forêts. C’est l’histoire de Tom, jeune poète à côté de la plaque, artiste rêveur à l’âme tourmentée, plusieurs dans sa tête et pas dans les clous. Il écrit de la musique et chantonne à ses heures perdues. Entre un père bourru et taciturne et une mama un chouilla protectrice, il est le tonton un peu zouave de ses neveux et le frère un peu perdu de sa fratrie.

Et puis il tombe amoureux, fou, dingue, amoureux de la fille qui conduit le chasse-neige avec son petit haut à bretelles et sa façon de se déhancher au volant de ce monstre d’acier. Forcément, elle disparaît comme elle est apparue, le printemps succède à l’hiver, plus de neige, plus de chasse-neige, plus de fille au chasse-neige. C’est sa sœur bien avisée qui le convainc de la retrouver et de la séduire comme il se doit.

Tom lui écrit des chansons. Qu’il ne lui chante pas. Il se fait attaquer par des abeilles, et miracle, elle est apicultrice et elle s’appelle Marie, il reconnaît son déhanchement, sa manière de se balancer sous sa tenue intégrale de voleuse de miel. Et puis le drame, sa mère est hospitalisée, il retourne vivre auprès de ce père qui ne le comprend pas.

Il écrit d’autres chansons qu’il a l’opportunité de chanter devant un public fasciné, un producteur excentrique et devant sa belle, qui lui tombe dans les bras. La suite est une ascension vers la célébrité, la reconnaissance, la plénitude de se sentir aimé et désiré… Et puis le doute, la colère, les scènes, la jalousie, tous ces poisons de l’existence semblent tomber les uns après les autres sur le destin de Tom. Faisant pleuvoir la violence de son âme et les abîmes de ses doutes sur sa dulcinée.

Et malgré tout, on le comprend, on s’attache à ce jeune homme et ses rêves de musique, on frémit à ses désirs, on tremble avec lui pour ses premières représentations. Et Marie, et bien nous sommes comme elles. Nous aimons ce fou romantique, ce doux rêveur à la confiance tremblante, ce trouvère poétique et cet orfèvre musicien.

Dans un style où l’émotion est déroulée pour faire la fiesta, Fabrice Capizzano réussit le tour de force de rendre attachant des personnages qui nous ressemblent. La Fille du chasse-neige parle aussi de développement durable, des saisons, du temps qui passe et des espoirs avortés, il fustige le désherbant et encourage les cœurs à sortir de leur cage. Ça fait du bien et ça ne mange pas de pain, que des légumes du jardin.