Bon courage à celui qui aurait la prétention de pouvoir faire le pitch parfait du nouvel ouvrage de la géniale Emily St. John Mandel, auteure canadienne fascinante que j’ai découvert avec l’excellent Station Eleven qui m’avait tout simplement scotché lors de sa lecture.
Là voilà donc de retour avec un nouvel ouvrage, L’hôtel de verre, à la couverture superbe, publié chez Rivages. Avec cet ouvrage, l’auteure poursuit son œuvre singulière et hypnotique, mélange de roman noir social et de roman psychologique.
Celle qui a l’habitude de nous proposer des écrits à la construction complexe, de nous embarquer dans des lectures déroutantes récidive avec l’Hôtel de verre et ses nombreux personnages et lieux rencontrés. Tortueux à souhait, le livre est très loin de nous tomber des mains, les pages s’enfilent et on sort de sa lecture sans certitude d’avoir tout compris (ce fut mon cas) en ayant trouvé tout génial. Comme dans un bon vieux film de David Lynch, surprenant et fascinant, ouvert à des interprétations différentes d’un lecteur à un autre. Un début qui ressemble à une fin, une fin qui ressemble à un début, des allers-retours dans le temps, des personnages qui se cherchent, des personnages qui s’éloignent, des rancœurs qui se développent, un message mystérieux. Voilà comment on pourrait vous présenter ce livre.
L’ouvrage débute par un prologue des plus déroutants, une femme, qui s’appelle Vincent (c’est aussi un prénom féminin apparemment) se noie en pensant à son demi-frère. On est en décembre 2018. Retour en arrière, au milieu et à la fin des années 90 pour découvrir Paul, étudiant à l’université de Toronto et passionné de musique. Un jeune un peu perdu, pas très sociable, consommateur de drogues qui cherche à retrouver sa sœur, Vincent.
Un peu plus tard, nous les retrouvons dans un hôtel de luxe situé sur l‘île de Vancouver. Les deux travaillent dans cet hôtel de luxe appartenant à un milliardaire américain nommé Jonathan Alkaitis. Un soir, alors que le patron doit venir dans l’hôtel, un mystérieux message apparait sous forme de grafitti sur l’immense paroi de verre de la réception. "Et si vous avaliez du verre brisé ?". Un message qui semble destiné au patron. Ce soir-là, Vincent officie au bar et le patron lui propose un pacte qui va bouleverser sa vie.
On découvre alors au fil des pages cet hôtel de verre, son personnel et assez vite on comprend les différents enjeux de l’histoire, ses intrigues, autour de cette phrase mais surtout autour de la situation dans laquelle Vincent s’est engagée avec la proposition du milliardaire. L’auteur nous renvoie ensuite dans le passé, dans le futur aussi, nous plongeant dans le doute, sans savoir qui a écrit cette phrase et comment elle s'est retrouvée à cet endroit.
L’ouvrage de l’auteure canadienne est inspiré du personnage de Bernard Madoff, le milliardaire à l’origine de la crise des subprimes qui entraîna le monde dans une terrible crise économique en 2008. L’histoire aborde aussi le thème de l’escroquerie financière et la déchéance d’un homme.
Alors voilà, si vous souhaitez sortir des sentiers battus de la littérature, sortir de votre zone de confort de lecture, l’ouvrage d’Emily St. John Mandel est un petit bijou de construction, un diamant brut de lecture qui ne pourra vous laisser indifférent. L’auteur y confirme son immense imagination pour nous proposer une histoire qui se situe entre le polar et la SF avec une dimension psychologique indéniable. Une réussite totale pour un ouvrage fascinant. |