Un
disque de plus enregistré entre les manettes du mythique Steve Albini
(Shellac). Cette fois-ci la production est serrée au cordeau
autour de Scout Niblett, archétype féminin du
mouvement antifolk.
Fait de bric et de broc, ce qu’on appelle depuis quelques années
l’antifolk fait partie de ces rares mouvements musicaux autonomes, c’est
à dire une des seules bannières sous laquelle on peut parader
sans se sentir victime d’un jeu marketing. Derrière tout cela,
rien de nouveau peut être, une simple recherche de vérité
et un goût de l’expérimentation pas élitiste.
Ici on est proche de Cat Power (c’est sans aucun doute la référence
la plus évidente), la fillette est sans aucun doute à peu près
aussi timbrée que Chan Marshall, et si Scout n’a pas la
grâce de Chan, elle a le privilège d’être restée
sauvage, mutine et trublionne. Elle n’invente rien mais défriche
des territoires oubliés avec une sincérité qui masque les
maladresses et un amateurisme volontariste.
On trouve dans ces sillons des histoires d’amourettes dérisoires
et de nombrilisme réjouissant, des instrumentations basiques bidouillées
au pistolet à gaufre à la limite du casse gueule mais jamais ennuyeuses
et une interprétation sans prudence et donc avec, pour une fois, un peu
de vérité. Des titres sympathiques qui sortent singulièrement
du format pop, même si les ficelles, parfois pour forcer l’originalité,
sont un peu grosses et fonctionnent mal notamment dans leur penchant régressif.
Scout Niblett essaye sans se retourner de trouver une voie inédite et
parfois touche juste, et c’est la recherche de ces moments là qui
en font un disque recommandable et pas banal. |