C'est dans un froid digne des hivers rigoureux Québécois que jouent ce soir à Paris les Trois Accords. La température est passée sous le zéro et je me hâte vers l'Elysée Montmartre pour y trouver un peu de chaleur. Une petite foule se presse devant la salle pour ce quintet qui a connu un engouement inespéré chez nos cousins d'Amérique. Avec leur album Gros mammouth turbo ils traversent maintenant l'océan pour faire succomber la France.
C'est Obdurate qui est chargé de chauffer l'ambiance.
Le groupe originaire de Tourcoing vient présenter son album Burning by the sun. Ça va vite, il y a du gros son saturé et les riffs cinglent. Rappelant Green day ou autres Offspring, ils font un rock mélodique et énervé.
Les nordistes débordent d'énergie et envoient leur musique mélange de punk, rock et ska dans les oreilles du public qui est accroché par ce déluge sonore.
La température s'étant donc élevée, les membres des Trois accords apparaissent sur scène. Les harmonies vocales de "Gros mammouth chanson" résonnent dans la salle et sont immédiatement reprises en chœur par un public impatient.
Avec le look d'étudiant du groupe, L'Elysée Montmartre prend alors des allures de MJC avec un public n'ayant pas d'autre ambition que de s'amuser. La batterie bien en avant, l'ensemble est carré et les décibels pleuvent.
Au chant on retrouve le duo de chanteurs Olivier Benoit et Simon Proulx qui alternent les paroles absurdes, concept de base de leur musique. Lorsqu'il ne chante pas, Olivier (la voix grave) occupe son temps en arpentant la scène et entamant des chorégraphies expressives plus ou moins éloignées du sujet de la chanson.
Tout l'album y passe de "Saskatchewan" leur chanson country à "Loin d'ici" au refrain entraînant en passant par le très attendu "Hawaïenne" que l'on ne présente plus.
Dans la salle le public réagit au quart de tour et saute en rythme sur les paroles loufoques.
Le groupe est très heureux d'être pour la deuxième fois à Paris. Analysant leur popularité grandissante en France (de la Maroquinerie à l'Elysée Montmartre) ils promettent de remplir le stade de France dans à peu près 60 ans.
L'autodérision fait partie intégrante du spectacle. Simon, le chanteur guitariste propose toutes les 3-4 chansons, des interludes humoristiques improvisés qui ont fait la renommée scénique du groupe outre atlantique.Le public de connaisseurs est aux anges !
On a même le droit à quelques bonus. Une nouvelle chanson au titre prometteur "Je t'ai vu me voir" préfigure le prochain album. Pas de virage à 90 degrés donc, on peut être rassuré sur la teneur du prochain album.
Le groupe prend du plaisir à être là et ne s'en cache pas.
Ils ne se prennent pas au sérieux et sur "Montagne de fumier" le guitariste Alexandre Parr nous gratifie d'un solo ... à la bouche avec imitation cent pour cent poule de basse cour.
Fin du spectacle, premier rappel.
De retour, le groupe francise une chanson de Weezer (à qui on les compare souvent, parait il), "My name is Jonas" transformée pour l'occasion en "Mon nom est Jonathan". Puis ils enchaînent sur la dernière chanson "Vraiment beau" qui est l'occasion d'une distribution de gazous dans le public. Ce gazouillement partagé conclura donc ce concert qui aura duré moins d'une heure (mais comme l'a dit Simon, ils n'ont finalement qu'un seul album à leur actif).
A la hauteur de leur réputation, un show sans temps morts où les trois accords ont fait dans l'absurde et l'autodérision.
Je ressors, il fait toujours aussi froid !
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