Il n’existe pas de mauvais livre écrit par R.J. Ellory, c’est devenu une évidence. Les années se suivent et se ressemblent avec une publication habituelle de cet auteur fidèle aux éditions Sonatine depuis 2008, année de la publication de celui qui est son meilleur ouvrage à mes yeux, un certain Seul le silence. Si vous n’avez pas lu ce livre, il vous faut absolument corriger cette hérésie.
R.J. Ellory fait partie des auteurs les plus attendus chaque année chez Sonatine et c’est donc régulièrement, souvent avant l’été que son éditeur nous propose une nouvelle publication. Après l’ouvrage Le jour où Kennedy n’est pas mort, chroniqué l’an dernier, voilà Le carnaval des ombres, encore un grand roman noir que les amateurs d’R.J. Ellory devraient beaucoup aimer.
Avec cet ouvrage, l’auteur fait le choix de nous embarquer dans l’Amérique rurale de la fin des années 1950. On se retrouve en 1958, un cirque ambulant, avec son lot de freaks, d’attractions et de bizarreries, vient de planter son chapiteau dans la petite ville de Seneca Falls, au Kansas.
Ce cirque rencontre rapidement un grand succès, émerveillant aussi bien les adultes que les enfants en déployant un spectacle fait d’enchantements et d’illusions. La magie opère jusqu’à ce qu’elle soit troublée par une découverte macabre. Sous le carrousel git le corps d’un inconnu, présentant d’étranges tatouages.
Dépêché sur les lieux, l’agent spécial Michael Travis se heurte à une énigme qui tient en échec ses talents d’enquêteur. Les membres du cirque, dirigés par le mystérieux Edgar Doyle, ne sont guère enclins à livrer leurs secrets. On parle de magie, de conspiration. L’affaire prend alors très vite un tournant inattendu.
L’ouvrage nous propose une présentation du cirque assez bluffant, autour de ses différents personnages, aussi singuliers les uns que les autres comme le contorsionniste, l’être qui possède sept doigts, le mystérieux présentateur aussi. Le lecteur a vraiment l’impression d’être au milieu de ce cirque ambulant, les mots de l’auteur sont justes et réalistes, dégageant une ambiance parfaite.
La force du roman tient pour moi dans le personnage de Michael Travis, un personnage superbement construit par R.J. Ellory qui donne une vraie dimension au livre et à l’enquête. Il possède une histoire compliquée et douloureuse que l’on va connaître au fur et à mesure du livre grâce à des chapitres qui s’intercalent dans l’enquête. On comprend donc mieux son fonctionnement et ses manières de réagir lors de ses investigations. Il est aussi un homme du FBI, institution à laquelle il est particulièrement dévoué.
C’est ainsi l’occasion pour R.J. Ellory de nous parler du FBI, de nous embarquer au cœur de cette institution américaine dirigée par Hoover à l’époque de l’ouvrage. Une fois encore, l’auteur nous a déjà parlé de la CIA dans d’autres ouvrages, cette aventure dans les arcanes du FBI est particulièrement intéressante.
Malgré sa densité, son nombre de pages conséquent, on ne s’ennuie jamais en lisant cet ouvrage. On n’est pas vraiment dans un page-turner, même si l’intrigue est réussie et prenante. On est plutôt dans le genre d’ouvrage que l’on déguste, dont on profite de chaque page et de l’ambiance. Encore une fois, R.J. Ellory ne nous déçoit pas, il continue de nous surprendre en nous proposant toujours de nouvelles histoires différentes des autres. Il confirme qu’il est bel et bien le grand maître du roman noir et un superbe écrivain. Chapeau bas Monsieur Ellory ! Et rendez-vous l’année prochaine pour un nouvel ouvrage, j’espère. |