La question paraît mal posée, pleine d’un espoir un peu enfantin. Elle paraît maladroite, incomplète.
Charles Berberian, que l’on connaît beaucoup pour le duo qu’il forme avec Philippe Dupuy depuis de nombreuses années, à qui on doit Le Journal d’Henriette ou encore Monsieur Jean, signe seul en 2019 un roman graphique au format étonnant chez l’Association : Quand tu viens me voir ?
La couverture souple, le papier épais style Canson, l’ouvrage a tout du carnet de croquis que l’artiste aurait glissé dans sa poche.
Dans les années 90, les parents de Berberian emménagent sur la côte d’Azur. S’en suivent alors de nombreux séjours dans ce lieu qu’il exècre pour leur rendre visite, mais également des années d’observation et de croquis de moments de vie auxquels il assiste et sur lesquels il livre ses réflexions entre deux illustrations crayonnées.
Le trait vif, hâtif, capturant des instants volés à des cafés, dans les rues, sur les marchés, l’auteur livre pêle-mêle ses observations à travers son regard moqueur et désabusé.
D’apparence sans beaucoup de cohérence, ni de réel fil conducteur si ce n’est ce lieu que Charles Berberian dépeint avec un cynisme qui m’a fait sourire, je l’ai feuilleté un peu nonchalamment, n’en attendant pas grand-chose. Pourtant, au fil des pages, le fameux fil conducteur se dessine en filigrane, le propos prend alors tout son sens, le titre s’éclaire et j’ai été surprise de voir l’émotion me gagner peu à peu. Ce que je prenais de prime abord pour un format original et vivant tenant plus de l’expérience ou de l’objet de collection pour les admirateurs de l’auteur s’est avéré être une immersion à la fois très intime et très pudique dans une part de la vie de Berberian.
Je suis contente de m’être laissée surprendre par ce carnet de croquis qui m’a finalement touchée par sa spontanéité et sa sincérité. |