A chaque fois c'est la même chose, dès qu'un groupe français sort un peu des sentiers battus de la variétoche on crie au génie, on jure que cette fois ça y est la France est le pays le plus (rayer les mentions inutiles) rock, pop, électro du monde.
Et puis l'été arrive et on oublie tout cela pour de plus triviales activités sur les rythmes d'une danse latino quelconque dans laquelle les (non) tenues vestimentaires des danseuses ont tellement plus d'importance que le reste.
Ainsi on en a vu passer des groupes prometteurs, des jeunes talents rêvant de Zénith et pourtant, c'est toujours Lorie qui remplit 15 jours de suite les grandes salles hexagonales.
Tout ça pour dire que quand on écoute un disque et que l'idée nous prend de rêver que c'est enfin LE groupe, on s'y prend à deux fois et même on se garde bien de le dire.
Le fait est tout de même que cet album d'OMR, Superheroes Crash, propose un son bien différent des productions hexagonales et même, osons le dire, des productions actuelles, ou presque.
Ce qui frappe en premier chez OMR c'est la ressemblance avec Blonde Redhead ... jusqu'à frôler le plagiat parfois si ce n'est la dissemblance de la voix dont l'accent plutôt "franglais" vient un peu en contre point de la relative noirceur des morceaux.
Noirceur n'est pas le terme exact d'ailleurs, on pourrait plutôt parler de tension ou de puissance contenue. Les guitares incisives soutiennent bien les mélodies et le peu d'électro des morceaux (comme dans "Ten minutes to six" et son petit synthétiseur co(s)mique qui ferait passer Didier Marouani pour Pierre Boulez) renforce l'ensemble qui porte très joliment la voix féminine.
Certains titres, comme "Immobilized" s'éloignent pourtant du registre rock à la BRH et lorgnent du côté de la cold wave que l'on pouvait écouter il y a une dizaine d'années chez Rise and Fall of a Decade par exemple surtout de par les intonations vocales et la rythmique un peu dans le style And Also the trees.
Cela mis à part, les titres sont cohérents entre eux et alternent entre des morceaux tubesques ("Superheroes crash") et d'autres moins évidents ("Dancers").
Le grand regret de cet album étant sans doute les 5 minutes de "I don't know" très prometteuses mais qui ne démarre jamais vraiment… frustrant.
Quoi qu'il en soit, les OMR tiennent avec ce disque un bel album qui varie un peu les plaisirs de la scène française. Et des titres comme "Superheroes crash" ou "Silvery" (assurément le meilleur titre, mêlant rock, électro et cold wave en moins de 4 minutes) sont autant de bonne raison de vous le procurer.
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