Seul avec sa guitare, c'est Jullian Angel, poulain du micro-label indépendant Another Record, qui ouvre cette soirée à la Maroquinerie.
Le songwriter, cheveux longs, chemise bien boutonnée, est accueilli par un public calme, qui restera assis tout au long de la soirée.
Et pour cause, l'heure n'est pas à la rigolade et encore moins à la danse. L'ambiance est solennelle, l'auditoire bercé par la pop mélancolique et la voix lancinante du chanteur.
C'est en anglais que Jullian Angel a choisi de partager ses tourments. Et même si l'on a du mal à décrypter les paroles, l'émotion dégagée est si sincère et profonde qu'elle scotche l'assistance dès le premier morceau.
Son chant vient des tripes et sa voix torturée ne laisse pas indifférent. Quand il se sample et superpose deux voire plusieurs voix c'est tout simplement magnifique. Même si la guitare est l'élément central de sa folk baroque, les multiples sons qu'il intègre petit à petit enrobent les mélodies d'un halo parfois surprenant mais toujours séduisant.
A mi-parcours, il est rejoint par Valérie Leclercq, alias Half Asleep, jeune pianiste également remarquée par Another Record et désormais produite par Unique Records.
Si les touches discrètes du piano et la voix fluette de la belge cassent la linéarité du concert, on regrette le dénuement de la formation guitare-chant qui conférait aux compositions de Jullian ce charme si original.
Puis c'est au tour des nantaises de Mansfield Tya, Julia Lanoë et Carla Fallone, de captiver le public avec leurs mélodies à fleur de peau.
C'est la première fois que le duo occupe une tête d'affiche parisienne et l'appréhension se lit sur leurs visages.
C'est avec une timidité émouvante qu'elles investissent la scène avec pour attributs une guitare, un piano, un violon et un harmonium, sorte d'accordéon posé au soufflet commandé par un pédalier .
Elles ne sont que deux et pourtant remplissent la salle d'une aura éblouissante. Julia au chant, Carla au violon. Mais ce n'est que le début.
Car elle naviguent d'un instrument à l'autre, avec toujours autant de grâce.
La voix de Julia, à la fois frêle et puissante, écorchée et lumineuse, évoque par moments celle de Chan Marshall (Cat Power). Quant à Carla, elle fait virevolter son violon, tantôt inquiétant, tantôt caressant.
Après "Fools" en ouverture, elles nous honorent d'un "Shout of Rain" dont l'intensité, déjà palpable sur l'album, prend toute son ampleur en live et provoque l'acclamation d'un public fasciné.
Puis c'est "Mon amoureuse", ode à l'amour féminin sous forme de ballade entêtante, suivi du romantique "For you", jolie reprise de Leonard Cohen. Parfois, la douceur laisse place à la violence, le rock intimiste et éthéré ("Tomorrow"), à un rock dur à l'énergie brute, comme sur la puissante "The day goes pale". Quel que soit le registre, on se laisse étourdir par leur univers à part et mystérieux.
Dommage que la prestation n'ait duré qu'une heure…
|