Deux musées monographiques parisiens, le Musée Rodin et le Musée Picasso présentent concomitamment l'exposition "Picasso-Rodin" considérée comme l'événement muséographique de la rentrée muséale 2021 et ce en deux monstrations complémentaires.
Car ls commissaires Catherine Chevillot et Véronique Mattiussi, respectivement conservateur général du patrimoine et directrice du Musée Rodin et responsable scientifique du fonds historiqu edudit musée, et Virginie Perdrisot-Cassan, conservateur du patrimoine au Musée Picasso, proposent une relecture croisée des œuvres de Auguste Rodin (1840-1917) et de son cadet Picasso (1881-1973).
Picasso/Rodin - dialogues de génie(s)
Le mouvement du corps et de l'âme
Au Musée Rodin, les commissaires ont opté pour la mise en résonance de leurs oeuvres au regard de la crise de la représentation du début du 20ème siècle en se focalisant sur le mouvement du corps comme véhicule de l'âme.
Et cela commence dès le parvis avec les hommes en marche ("Les Bourgeois de Calais" de Rodin/"Les Baigneurs" de Picasso).
Quant le jeune Picasso arrive à Paris, la notoriété de Rodin de quarante ans son aîné est déjà établie, et ses premières sculptures sont qualifiées de rodiniennes ainsi que l'illustre l'allée des bustes qui ouvre la (dé)monstration.
Et bien que de génération différente et en rupture avec l'académisme, en partant de la référence tutélaire de la statuaire antique et/ou les arts primitifs, Rodin et Picasso
s'investissent dans la recherche plastique et la quête de nouvelles modalités de représentation en substituant l'expressionnisme au naturalisme et le corps en mouvement au statique figé.
Leur tropisme commun est celui de la représentation cinétique du corps, un corps saisi en mouvement ("Mouvement de danse" de Rodin/"L'Acrobate bleu" de Picasso), souvent dépersonnalisé voire étêté, parfois désarticulé ou en morceaux réassemblés ("La Porte des Enfers" de Rodin/"Guernica" de Picasso) pour tenter d'approcher le réel et le mouvement de l'âme.
Et plus particulièrement encore celui du corps féminin placé sous haute tension érotique ("La Nageuse" de Picasso /"Iris,messagère des dieux" de Rodin).
Les tropismes plastiques
Au Musée Picasso, la (dé)monstration s'effectue par la mise en évidence des similitudes entre les processus créatifs des deux artistes à travers leur pratique d'atelier avec la mise en résonance de "l’armée de plâtres*"? de Rodin et "le peuple de sculptures**" de Picasso.
Pour traduire leur quête constante de la dynamique du corps, Rodin et Picasso use de l'approche par le fragment, le fameux "corps en morceaux" avec le cas échéant une recombinaison par voie d'assemblage et la sculpture cinétique pour renouveler le rapport à l’espace ("Nu au bouquet d’iris et au miroir" de Picasso/"Femme accroupie" de Rodin) avec notamment le traitement du socle considéré non comme un piètement mais une partie de l'oeuvre .
De même pour le travail sériel par variation sur un thème, tel celui celui de la pleureuse, et l'influence de l'antique et de Michel-Ange pour l'état d'inachèvement, le "non finito" hérité de l'Antiquité et de Michel-Ange ("Pierre Puvis de Chavanne" de Rodin/"Buste de femme"- "Le peintre et son modèle" de Picasso).
A voir en préambule à la visite :
la présentation de l'exposition par les commissaires
un diaporama de l'exposition in situ
la visite virtuelle au Musee Picasso
les expositions sur l'atelier des artistes :
en 2017 "Boisgeloup : l’atelier normand de Picasso" au Musée des Beaux-arts de Rouen
en 2015 "Métamorphoses, dans le secret de l'atelier de Rodin" au Musée des beaux-arts de Montréal
et à écouter en podcast
des extraits de textes de personnalités contemporaines des deux artistes |