Pour fêter son 5 ème anniversaire, le label Fargo offrait une soirée Fargo all stars à la Maroquinerie, une soirée au programme éclectique composé de ses derniers poulains avec en tête d'affiche Alamo Race Track.
Lauren Hoffman ouvre la soirée. Quand elle entre sur scène, seule avec sa guitare, ceux qui ne l'ont entendu que sur album, dont le dernier en date Choreography, frémissent d'inquiétude.
A plus d'un titre l'exercice acoustique est difficile surtout pour un registre pop nostalgique dans lequel Lauren Hoffman s'autrobrode des mélodies dépouillées et des textes inspirés.
Et puis, fi des craintes, car le public, sensible au charme qui semble se dégager de sa simplicité, de ses textes et de sa voix, fait le silence et reste particulièrement attentif tout le long du set.
Car la jeune femme a de la voix, une voix à la fois douce et puissante qui fait merveille sur ses chansons mélancoliques et ses mélodies troublantes.
Du dense et rockisant "Solipsist" au lancinant "Another song about the darkness", elle explore toutes les voies du clair-obscur pour finir au piano avec le fulgurant et renversant "Broken". Belle prestation qui donne envie de la revoir, entourée de musiciens cette fois-ci. Que les impatients se rassurent, Lauren Hoffman reviendra au printemps.
Avec deux guitares, un harmonica et une batterie agrémentée de faitout et mallette métallique, le trio new yorkais White Hassle, bien rodé depuis 1997 et emmené par Marcellus Hall (des ex Railroad Jerk), remet au goût du jour les mélodies simples et catchy des années 20.
Il pratique un rock rustique teinté de country ou de blues qui fait mordre la poussière des grandes plaines.
Et c'est Emily Loizeau qui vient les rejoindre pour "You'd be surprised", reprise d'Irving Berlin qui figure sur leur dernier album Your language sur lequel chantait Ambrosia Parsley en vacance de Shivaree.
Amusante, très expressive, Emily Loizeau joue les effrontées malgré le stress, nous précise-t-elle, du premier concert sous cette formation avec un violoncelle et une batterie.
Toujours au piano, elle nous propose en autres "L'autre bout du monde" en boucle samplée, "Jalouse" particulièrement enlevé presque caf'conc, l'amusant "Voilà pourquoi" et le très folk urbain "Je ne sais pas choisir". La demoiselle sait y faire et insuffle, d'une voix bien plus forte que ne le laisse présager l'album, une ambiance joliment gouailleuse.
Elle chantera également en duo avec Neal Casal qui restera seul sur scène pour un set express de 3 titres et annoncer son concert du lendemain au Zèbre en vacance de son groupe soul Hazy Malaze.
En 10 ans, Neal Casal s'est imposé comme un des meilleurs songwriters d'Americana.
Un peu de folk, un peu de voix éraillée, un peu d'attitude rock imbibé et le public succombe.
Découvert à la Route du Rock en 2005, le groupe batave Alamo Race Track avait reçu un bon accueil avec son premier opus Birds at home.
Ayant bien assimilé le meilleur de la pop contemporaine, le groupe de Ralph Mulder distillait une une pop sophistiquée, servie par une voix remarquable, entre The Doors et Joy Division.
Quelques mois après, Alamo Race Track a viré résolument et essentiellement rock, un rock puissant et sensuel avec un concert magistral sans faille et sans baisse de régime et s'inscrit à l'évidence comme un vrai groupe de scène.
Toujours une symbiose et une implication parfaite du quatuor autour de la rythmique impeccable de Guy Bours, un de ces batteurs qui vivent leur musique en la jouant, avec David Corel à la basse et au clavier, Leonard Lucieer à la guitare et Ralph Mulder (chant /guitare)
Ralph Mulder n'a pas changé sa manière de chanter, toute en tension, arc-bouté sur le micro placé bas, tenant sa guitare sous le cou, jouant et se mouvant de manière syncopée.
Doté de grandes capacités de modulation vocale des graves aux aigus et d'un charisme évident, il habite ses textes et est efficacement épaulé vocalement par David Corel. Le concert démarre avec un "Happy accidents" qui déménage à fonds les manettes. Les trois guitares de front sont ravageuses. Tout le set sera du même acabit avec des enchaînements très rapides, une intensité jamais mise en défaut.
Qu'il chante "The killing" inspiré par Stanley Kubrick, "My heart" un peu electro sur leur ville d'Amsterdam ou "The model" en duo avec Lauren Hoffman, Alamo Race Track joue désormais dans la cour des grands.
En rappel, avant un
frénétique "Wild bees", le groupe nous offre un nouveau titre "Black cat join brown" qui augure bien du prochain album. |