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puce Elyas Khan - Nervous Cabaret
Interview  (Paris)  février 2006

L'ecstatic musique for savage souls de Nervous Cabaret, qui vient de sortir son nouvel album éponyme, fait des ravages.

Une musique sauvage, brute, sensuelle et viscérale totalement atypique et hypnotique portée par la voix et le charisme du chanteur Elyas Khan.

Avant que le groupe ne vienne jouer en France, nous avons rencontré ce dernier de passage à Paris pour quelques show cases solo.

Assurément un homme hors du commun et d'une grande humanité.

Vous êtes le frontman du groupe Nervous Cabaret. Vous composez, jouez de la guitare et chantez. Mais au départ vous étiez danseur.

Elyas Khan : Oui. J'étais également acteur et chorégraphe d'une compagnie de ballet. Je dansais au sein de cette compagnie comme dans la commedia dell'arte. Ensuite, j'ai voulu fonder ma propre compagnie (Ndlr : "The Famine Chorus Gallery House", a gallery/performance space" à Minneapolis et "The Dean Street Field of Operation" à New York (FOO). The Dean Street Field of Operation) et monter mes propres spectacles à partir de mes créations.

Votre actualité avec Nervous Cabaret c'est la musique. Avez-vous une formation musicale?

Elyas Khan : Cela ne faisait pas partie de mon éducation. Jusqu'à présent je ne me considère pas comme un danseur. Je travaille le mouvement, l'énergie, ce qui existe à part entière dans la chorégraphie, la danse, la musique et l'art théâtral. Quand vous êtes chorégraphe vous devez connaître et comprendre la danse mais aussi la musique. C'est ainsi que j'ai découvert la musique. Je me suis rendu compte qu'il s'agissait de quelque chose que je ne connaissais pas. C'est un long voyage qui a pris beaucoup de temps.

Nervous Cabaret constitue-t-il un vrai groupe ou un collectif un peu protéiforme ? Quand et comment s'est-il formé?

Elyas Khan : Il s'agit d'un vrai groupe. Il y a 5 ans déjà, j'étais un peu las du théâtre. Quelque chose me travaillait au fond de moi. Sur les conseils d'un ami, je suis allé à un open-mic où il me disait je découvrirais des choses différentes. Et j'ai suivi son conseil. Un jour, un jeudi, c'était une très belle journée ensoleillée, alors que tout le monde chez moi jouait à des jeux vidéo, j'y suis allé. J'ai juste chanté une chanson comme ça, a capella, et mon ami a trouvé ça formidable. Pour ma part, j'ai bien ressenti qu'il s'était passé quelque chose et que le chant m'avait permis d'établir une connexion immédiate avec le public. J'aimais ça.

Aussi je suis revenu tous les jeudis. J'ai pris une guitare pour m'accompagner. Je ne savais pas en jouer mais j'ai appris en écoutant notamment Django Reinhardt. C'était fantastique. Six mois après un type est venu vers moi et m'a dit qu'il aimait ce que je faisais. Il m'a dit aussi qu'il jouait de la trompette et qu'il aimerait bien m'accompagner. C'était Fred Wright. Je lui ai dit : "OK. Merci beaucoup. Bien sûr." Et je lui ai dit que je jouais en concert samedi prochain.". Bref, tout cela pour dire qu'il ne faut pas trop penser et se prendre la tête mais seulement être debout sur ses jambes. Il y a un public, j'ai quelques chansons, alors fonçons !

Nous étions désormais 2. Un jour nous avons joué sur roof top party à Brooklyn sur un immeuble qui donnait sur le pont de Manhattan. Brian Geltner, un batteur, nous a vus et nous a rejoint. Mais je ne pensais pas à monter un groupe car j'étais à la tête d'une compagnie pour 7 ans et présidait à la destinée de beaucoup de gens. Après cette expérience qui était merveilleuse et fantastique mais qui demandait beaucoup de travail et d'investissement tant intellectuel que physique.

Je lui ai demandé s'il avait un tambour de basse. Il a répondu affirmativement et je lui ai dit de prendre le fût et d'en jouer avec les mains. Je pensais qu'il allait rigoler et m'envoyer "foutre". Mais il a dit : "J'ai un tympanum à pédale de 26 inches , est-ce que cela vous intéresse?". Voilà qui était intéressant. Je l'aimais ce gars. Il m'a dit que pour lui le tympanum représentait l'équivalent western du tabla indien. C'est un instrument qui permet de moduler la note. Et il nous a rejoint.

Et c'est de cette manière fortuite que c'est constitué le groupe. Nous avons fait des jam avec Matt Morandi qui joue de la basse. Un jour nous avons joué avec Greg Wieczorek qui est notre second batteur qui joue d'une façon très instinctive qui est aussi très complexe. Le groupe est né spontanément de nos attractions respectives et non de la volonté de créer un groupe.

Comment travaillez-vous pour composer un morceau car à l'écoute, votre musique semble très spontanée, instinctive et presque improvisée?

Elyas Khan : Pour cet album, je suis à l'origine des chansons et des thèmes de base que j'ai composés chez moi. J'apportais mes idées au groupe et les musiciens me donnaient ensuite leur avis. Soit c'est "Great!" soit c'est "Ca craint!". Quand c'est great, on improvise sur la base de départ qui est toutefois déjà assez structurée. Ce sont de fabuleux grands musiciens et donc chacun apporte une contribution importante à l'enrichissement du morceau.

Depuis, nous travaillons ensemble les morceaux. Cela a pris du temps mais nous avons tous un job à côté et nous ne nous retrouvions que le soir pour travailler ensemble.

Aujourd'hui, en raison des différentes tournées, nous sommes plus souvent ensemble, nous disposons de plus de temps pour jouer et nous nous connaissons de mieux en mieux. Ce qui nous donne l'opportunité de créer ensemble des morceaux.

Vous avez cité Fred Wright et Matt Morandi. Ils travaillent également avec vous sur un spectacle musical de marionnettes " The Adventures of Charcoal Boy".

Elyas Khan : Oui. J'ai écrit la musique et les partitions. Erik Novak est le créateur et le metteur en scène du spectacle. Nous avons écrit l'histoire ensemble. Le spectacle se jouera en avril pendant 3 semaines à New York. Il y a Gwen Snyder un chanteur fantastique qui chante en "dub" sur ma voix.

Vous êtes également connu sous le nom de Kid [sic]. La musique que vous écrivez en tant qu'Elyas Khan, Kid [sic] ou membre de Nervous Cabaret est-elle la même?

Elyas Khan : Il y a quelques différences. Kid [sic] est un projet solo. Son contenu est similaire à celui du nom et surtout de l'utilisation de l'adverbe "sic" entre crochets qui est utilisé pour indiquer une citation textuelle si bizarre ou incorrect que cela paraisse. C'est un peu le reflet de ce que je suis. Il semble parfois que je ne sois pas à la bonne place au bon moment. Et pourtant…. il y a un double sens. Kid [sic] c'est de la danse expérimentale et de la musique plus électronique pour jouer dans des clubs.

Pour la pièce " The Adventures of Charcoal Boy" la composition est différente car elle suit un scénario avec des petite histoires et une structure qu'il faut respecter. Avec Nervous Cabaret c'est la liberté car nous faisons tout ce que nous avons envie de faire.

Etes-vous d'accord avec le fait que l'on dise de Nervous Cabaret que c'est un groupe de rock indé?

Elyas Khan : Oui. Bien sûr.

Le titre de votre premier album est "Ecstatic music for savage souls" que vous reprenez en tête de votre site internet. Est-ce la meilleure définition pour votre musique?

Elyas Khan : Oui. A l'époque où je l'ai écris, je pensais que c'était particulièrement adéquat. C'est une bonne définition en effet et j'aime le son de ces mots. C'est une bonne combinaison du désir de plusieurs personnes de transcender un peu la routine et la morosité du quotidien.

L'humanité est ainsi faite d'âmes sauvages. Je suis un humain, c'est mon lot. Je ne suis pas désespéré mais je peux être triste et désappointé. Dans la vie, il arrive des événements horribles et la musique les rend peut être plus acceptables.

"The Famine Chorus Gallery House" est derrière vous maintenant?

Elyas Khan : Oui. Mais elle continue avec Sean Mac Lean à Rotterdam. Mais c'était une formidable époque, nous étions tous très jeunes, 22-23 ans, pendant laquelle j'ai énormément appris avec les amis musiciens et peintres. Je ne suis jamais allé à l'université. J'ai tout appris avec les autres en les observant et en les fréquentant. Je suis totalement autodidacte.

Aujourd'hui vous consacrez-vous essentiellement à la musique?

Elyas Khan : Je fais ce que j'ai à faire. Je suis ingénieur du son pour des compagnies de danse. J'essaie très fortement de me convaincre moi-même que je peux faire de la musique de mon mieux. Vous savez on parle de moi dans des articles, nous allons venir en tournée en France, mais quand nous rentrons à New York nous retournons au travail. J'essaie de dégager du temps pour composer car la musique revêt une grande importance pour moi.

Peignez-vous?

Elyas Khan : Non. Je n'ai jamais peint. Je dessinais quand j'étais enfant mais ma mère m'a dissuadé de continuer. Ma mère est très proche de moi et m'a toujours beaucoup aidé et encouragé. Mais quand j'étais jeune, elle est indienne et sa mentalité fait que les arts ne revêtent pas de valeur à ses yeux. Il faut seulement étudier et gagner de l'argent. Je n'ai jamais fait d'études et sur ce point, je me suis cultivé par moi-même. Et c'est difficile, dur et long de le faire. J'en ai payé le prix pour arrivé là où j'en suis. Surtout que je n'ai pas écouté les gens quand je le devais.

Ecrivez-vous ?

Elyas Khan : Je n'ai jamais écrit de roman. Mais j'aimerais écrire davantage. Probablement des pièces et des scénarios. Je sui s dans une phase d'exploration. Avec les tournées, je suis davantage sur les routes ce qui me donne du temps pour écrire aussi bien de la musique qu'autre chose. Peut être des nouvelles. Mais je suis exigeant avec moi-même. Donc si ce n'est pas bon, inutile de continuer.

Pensez-vous que la vie ressemble à une très longue route avec des chemins de traverse qui vous permettent finalement de vivre plusieurs vies?

Elyas Khan : Oui. La vie est un long chemin semé d'embûches sur lequel vous devez vivre, survivre, comprendre les autres et vivre avec eux en bon entendement et en les respectant, car rien n'est jamais acquis

Je le crois vraiment. Mais si j'arrive à imaginer quelque chose, il n'y a pas de raison que je ne puisse pas la concrétiser. Je le crois vraiment. Quand j'étais jeune je n'avais pas confiance en moi et quelques personnes m'ont aidé à réaliser que je gaspillais mon énergie et mon esprit. J'ai deux yeux comme tout le monde et le pire qui peut m'arriver est de vieillir et de perdre certaines capacités physiques. Je vis dans un charmant endroit paisible, personne ne me veut du mal. Donc je suis relativement privilégié. Et pourtant je viens d'un milieu qui n'était pas favorisé. Il suffit d'avoir les bonnes clés.

Vous avez pratiqué le théâtre No et le Buto qui sont des arts très singuliers. Quelle est votre définition de l'art?

Elyas Khan : Je pense qu'il y a 2 acceptions du terme. En premier lieu, l'art se présente comme une pratique très égocentrique, une sorte de masturbation absolument égoiste. Et puis c'est aussi une merveilleuse opportunité de faire briller d'une lumière différente un objet, une idée, un concept. Parce que cela ouvre votre vocabulaire et votre approche du monde et votre ouverture aux autres. La création est poésie. Elle métamorphose la vie et lui donne du sens.

 

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En savoir plus :

Le site officiel de Nervous Cabaret
Le site officiel d'Elyas Khan

Crédits photos : David (plus de photos sur Taste of indie )


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