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Théâtre de l'Epée de Bois  (Paris)  janvier 2022

Tragédie de Jean Racine, mise en scène d'Anne Coutureau, avec Bellamine Abdelmalek, Théo Askolovitch, Clara Foubert, Sébastien Gorski, Eléonore Lenne, L’Eclatante Marine, Louka Meliava et Alexiane Torrès.

Les histoires d'amour finissent mal en général chantaient les Rita Mitsuko et a fortiori dans la tragédie "Andromaque" de Jean Racine dont l'argument - celui de l'amour unilatéral - dans laquelle la dialectique des passions et des caractères soutenant la psychologie tragique se déploie en forme de "chaîne amoureuse à sens unique" avec la confrontation des amours non seulement transis mais définitivement contrariés.

Dans les coulisses des hautes sphères du pouvoir sur fond de Guerre de Troie et d'intrigues amoureuses de palais, la jeune garde princière éprouve la puissance des pulsions au paroxysme de leurs tensions qui enchaînent et la violence impétueuse du désir avant d'expérimenter l'issue d'un amour impossible.

Oreste, le fils du roi de Mycènes aime la princesse Hermione, fille du roi de Sparte, qui aime Pyrrhus, le fils d'Achille le vainqueur de Troie et son futur époux, lequel vient de succomber au charme de la reine captive Andromaque, la fidèle veuve éplorée du chef troyen vaincu, dont l'arrivée amorce une mécanique infernale au sanglant dénouement par ricochet.

Anne Coutureau, comédienne et metteuse en scène a choisi cet opus qu'elle appréhende comme un éloge du désir, "une incitation impérieuse au risque d'aimer et de vivre" pour, indique-t-elle dans sa note d'intention, creuser "la dramaturgie existentielle du désir" que décrypte Racine à travers les pulsions universelles et intemporelles qui animent l'être humain.

Et sa mise en scène ne s'inscrit pas la démarche agonistique mainstream appliquée au théâtre classique mais dans sa conception de la mise en scène comme une recherche constante de sens et du théâtre, celui du théâtre d'incarnation qu'elle défend notamment dans la Compagnie Théâtre Vivant* dont elle est co-fondatrice et directrice artistique.

Ainsi, s'affranchissant de la représentation illusionniste et évitant le naturalisme humoral, il repose sur le travail et le corps de l'acteur au centre de la création et sa capacité à exprimer ce qu'elle nomme la vibration humaine contemporaine. Pour concentrer l'attention sur l'essentiel, et l'essence de la tragédie, avec quelques surnuméraires intermèdes sur une musique de Woodkid chorégraphiés par Serena Malacco, Anne Coutureau opte pour une scénographie épurée conçue comme un espace mental. Ainsi, sur un plateau nu rythmé par les seules lumières minérales et crépusculaires de Patrice Le Cadre, les personnages, vêtus des superbes costumes confectionnés par Frédéric Morel dans une esthétique à l'antique, bien évidemment pas celle du péplum hollywoodien, évoquant la revisite opérée par Madeleine Vionnet et Madame Grès, apparaissent tels des émanations de leur psyché.

Et les comédiens-officiants prennent à leur compte le discours qui révèle le caractère de leur âme, et, déjouant le piège de la diction déclamatoire des alexandrins, restituent la beauté de la langue racinienne corsetée par l'alexandrin tout en lui apportant une bienvenue fraîcheur de jeu. Sous les yeux des confidents-témoins (Alexiane Torrès, Clara Foubert et Bellamine Abdelmalek) et du gouverneur de la cité (Sébastien Gorski), se débat le quatuor fatal entre frustration, dépit, jalousie, rivalité, inversion du sentiment et vengeance et les déclinaisons de la passion aliénante - et de la sensualité inassouvie - qui détruit tant l'autre que soi-même ne connaissant ni sagesse ni morale et pas davantage la résilience ou le renoncement.

Théo Askolovitch (Oreste l'amoureux pathétique instrumentalisé), L'Eclatante Marine (Hermione la répudiée furieuse), Louka Meliava (Pyrrhus le guerrier violent sous emprise de sa prisonnière qui ne finira pas en héros glorieux mais en commun des mortels assassiné par son rival), et, avec une mention spéciale, Eléonore Lenne (Andromaque la majestueuse et sensuelle) relèvent le défi de ce sublime opus.

Un spectacle d'excellente facture avec lequel Anne Coutureau, qui assure une efficace direction d'acteur, confirme son postulat de travail : bien avant le développement des sciences psychiques et la métapsychologie des passions de Sigmund Freud, Racine décrypte et révèle les circonvolutions passionnelles.

 
* "Théâtre vivant implique le spectateur dans une expérience sensible, intellectuelle et spirituelle pour faire, du théâtre, le lieu privilégié de la connaissance de soi et du monde" dont la mission est "celle du miroir qui permet de s’humaniser. De devenir pleinement homme : être humain et individu"

MM         
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# 20 octobre 2024 : Vive les vacances !

Bien heureux soient les enfants en vacances, pour les autres il y a quand même de quoi se divertir encore cette semaine avec notre sélection culturelle. Et toujours Le replay de la MAG#91 disponible...Pensez aussi à nous suivre sur nos réseaux sociaux.

Du côté de la musique :

Nouvelle saison du Morceau Caché ! nouvel épisode "Rebonds, Partie 1"
"A place where life is better" de Back In The City
"No Title As Of 13 February 2024, 28,340 Dead" de Godspeed You ! Black Emperor
"Infinite Vol. II" de Jean-Pierre Como
"Dans l'attente d'un signe" de Kaori
"God doesn't exist" de Sex Shop Mushrooms
"Von B." de Von B.
et toujours :
"The new sound" de Geordie Greep
"Tomorrow can wait" de King Crab
"Rien ne presse" de Laurent Benitah
"Coeur de cible" de Lofofora
"Chance" de Miki Yamanaka
Bertrand Betsch en concert à la Manufacture Chanson
"Sway" de Headcharger
"Norna" de Norna
"Endorphine" de Clemix

"Spectacle Daisy the great VS Tony Visconti" de Daisy The Great
"Jamais plus" de Faut qu'ça Guinche
"New internationale" de Kit Sebastian
"Rivière" de Mirabelle Gilis
"Lost & found" de Raul Midon
"Soft Tissue" de Tindersticks
"Probably for nothing" de Two Trains Left

Au théâtre :

"Elles improvisent" au Théâtre Bo Saint-Martin
"Hélène après la chute" au Théatre de l'Epée de Bois
"Jérusalem" au Théâtre 360
"Mothers - A song for wartime" au Théâtre du Rond-Point
"Tanguy Pastureau, un monde hostile" au Théâtre Tristan Bernard
"L'art de ne pas dire" au Théâtre Saint Georges
"Passage en revue" à La Divine Comédie
"Le choix des âmes" au Théâtre des Gémeaux Parisiens
'La double inconstance" au Théâtre Le Lucernaire
"ADN" au Théâtre Michel

des reprises :

"Le secret de Sherlock Holmes" au Café de la Gare
"Kessel, la liberté à tout prix" au Théâtre Rive Gauche
"Cloture de l'amour" au Théâtre de l'Atelier
"La rivière à l'envers" au Théâtre Essaion

Du côté de la lecture :

"Confessions d'une loser et autres romans" de Mark Safranko
"1945' de Jean-Christophe Buisson
"Histoires de frantômes" de Jeannette Winterson
"Ocean state" de Stewart O'Nan
"Un éclair bleu azur" de Kwon Yeo-Sun
et toujours :
"Bonheur d'occasion" de Gabrielle Roy
"Histoire de la guerre en infographie" de Julien Peltier, Vincent Bernard & Laurent Touchard
"Hurlements" de Alma Katsu
"L'armée allemande 1870-1945" de Benoit Rondeau
"Le paradis des fous" de Richard Ford

Il est toujours temps d'aller au cinéma ou regarder un bon film :

"Terrifier 3" de Damien Leone
"Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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