Spectacle musical conçu par Victor Guéroult, mise en scène de Loïc Fieffé, avec Béatrice Bonnaudeau, Léa Tavarès, Lionel Losada, Gérald Cesbron, Franck Jazédé et Nicolas Soulié.
Pour évoquer Edith Piaf, figure majeure de la chanson réaliste française érigée en icône toujours vénérée presque six décennies après sa mort, sous le titre "Edith Piaf, je me fous du passé", Victor Guéroult s'affranchit du biopic en optant pour un spectacle théâtro-musical avec pour fil rouge le destin d'un personnage-miroir fictionnel
Ainsi, dans les années 30, une chanteuse de rue et ayant une ressemblance quasi mimétique, tant pour la voix que le physique, avec Edith Piaf déjà célèbre est engagée par un directeur de cabaret pour officier comme sosie.
Cet argument romanesque, développé par l'auteur pour, indique-t-il dans sa note d'intention, proposer "une version originale et alternative du mythe Piaf", s'inscrit dans le registre dramaturgique de la vie par personne interposée et de l'identification délétère, avec un inattendu rebondissement.
Dans une scénographie naturaliste minimaliste, quelques éléments de décor pour signifier différents lieux, et la mise en résonance avec des éléments biographiques de la vie de "la Môme" par la projection d'images d'archives, Loïc Fieffé assure une mise en scène conforme au naturalisme mélodramatique de la partition scandée par un florilège des chansons les plus emblématiques de "Mon légionnaire" à "Non je ne regrette rien" en passant, entre autres, par "La vie en rose" et "L’Hymne à l’Amour".
Au jeu, Nicolas Soulié (l'amoureux), Gérald Cesbron (l'impresario d'Edith Piaf), Lionel Losada (le directeur de cabaret), de plus créateur de la bande sonore, et Franck Jazédé (le médecin) composent efficacement l'entourage de la principale protagoniste incarnée par deux comédiennes-chanteuses émérites, dont le dédoublement temporel renvoie de manière sous-jacente à l'évolution stylistique de l'interprétation d'Edith Piaf.
Béatrice Bonnaudeau, chanteuse expérimentée, au demeurant à l'origine de ce projet présenté par la Compagnie Mascarade dont elle la fondatrice, incarne d'autant mieux la protagoniste à l'âge adulte qu'elle s'est produite dans les bars puis les cabarets-théâtre en spectacle-récital éponyme, et sa jeune consoeur lumineuse, Léa Tavarès une véritable révélation, relèvent le défi.
Outre la qualité de leur prestation vocale qui ne verse jamais dans la caricature, toutes deux ont intégré les tropismes innovants au regard de la chanson réaliste du début du 20ème siècle - le réalisme de la passion et le tragique de la vie - qui caractérisaient la prestation scénique d'Edith Piaf. |