C’est aussi la rentrée littéraire du côté des éditions de l’Olivier qui vont nous proposer pour ce mois de janvier pas moins de trois publications avec un premier roman français brillant, une découverte d’une auteure américaine et celle que l’on peut qualifier de valeur sûre, une auteure française que j’aime beaucoup, Geneviève Brisac.
C’est donc Geneviève Brisac qui ouvre le bal avec son ouvrage Les Enchanteurs, un ouvrage d’un peu moins de 200 pages qui est un bonheur de lecture. Lauréate du prix Femina, il y a plus de quinze ans avec Week-end de chasse à la mer, l’auteure construit une œuvre d’une absolue sincérité tout en s’attachant à transmettre sa passion pour les grandes écrivaines qui ont marqué la littérature.
Pour ceux qui n’aurait pas encore eu la chance de connaître l’écriture de Geneviève Brisac, rien de mieux que de leur rappeler la subtilité, l’élégance qui s’en dégage. Quand toutes ces qualités s’associent à des passages aussi drôles que d’autres peuvent être mélancoliques, on tient alors dans nos mains un très grand livre.
Autobiographique, son dernier roman nous embarque dans le milieu de l’édition, milieu qu’elle critique notamment pour son caractère plutôt misogyne. Transporté dans les années 70, aux côtés de Nouk, une jeune fille de 18 ans que devait beaucoup lui ressembler. Nouk est une jeune fille intelligente, qui fait de hautes études tout en militant pour des causes qu’elle considère nobles. Nouk pense que le monde va changer. Elle est rebelle, insolente et va se retrouver très rapidement dans un harem. Ce harem, c’est une maison d’édition parisienne tenu par un certain Olaf qui travaille avec deux personnes peu portées sur le feminisme et une bande de jeunes femmes totalement dévouées à lui (d’où le harem).
Très vite, Nouk se retrouve jalousée par ces jeunes femmes qui ne voient que par Olaf. Dans cette maison d’édition, Nouk se croit à l’abri, elle n’imagine pas qu’Olaf puisse se séparer d’elle, ce qu’il fera pourtant, sans qu’elle ne voit rien venir.
Avec Werther, c’est autre chose. Ce grand éditeur, excentrique et visionnaire, devient alors son mentor. Mais il sera incapable de la protéger. Werther est aussi un homme à femmes, l’une officielle mais aussi de nombreuses maîtresses.
Ce milieu de l’édition qu’elle nous décrit dans le livre, un milieu qu’elle connaît bien de l’intérieur nous montre l’attraction du pouvoir chez les femmes. Le parisianisme, ce milieu autocentré s’accommode très bien avec le libertinage et la sexualité débridée.
Cinglant, poétique et d’un humour féroce, Les Enchanteurs jette un regard lucide sur le mélange détonant que forment le sexe et le pouvoir dans l’entreprise. Et en même temps, Geneviève Brisac convoque aussi la désillusion, la colère et la mélancolie dans un hymne à la résistance, c’est-à-dire à la vie. Elle nous propose un livre féministe d’une grande intelligence que je vous invite fortement à lire. |