Spectacle conçu et mis en scène par Fanny de Chaillé d'après un ouvrage de Pierre Alferi, avec Marius Barthaux, Marie Fleur Behlow, Rémy Bret, Adrien Ciambarella, Maud Cosset-Chéneau, Malo Martin, Polina Panassenko, Tom Verschueren, Margot Viala et Valentine Vittoz.

Dans "Le Chœur", Fanny de Chaillé explore, à partir du poème "Et la rue" de Pierre Alferi, les possibilités narratives et scéniques du collectif.

Véritable laboratoire d’expérimentation, sa mise en scène rythmée et organique saute allègrement du coq à l’âne sans que le propos tenu ne soit vraiment le fond du sujet traité. Elle fait ainsi la part belle aux corps et à ce qu’ils peuvent incarner.

Sans pause ni aucun temps mort, sa troupe passe tour à tour du groupe d’individus qui se répond en ping pong, à une somme de corps métamorphes capables de se transformer en sofa ou lampe de chevet, puis à une chorale chuchotant ou criant, un ballet savamment orchestré de pure énergie, une foule qui regarde et commente ce qui est en train de se dérouler sur scène.

Certaines scènes sont de purs chefs d’œuvre de style, avec pour n’en citer que quelques unes, la description drolatique d’une scène d’intérieur où les objets prennent vie, la très trippante soirée d’un jeune homme sous ectasies, ou encore l’insoutenable suspense d’une exploration amoureuse à sens unique. Attentats du 11 novembre, coupe du monde, Bataclan sont autant de références qui ancre le spectacle dans une temporalité qui fait écho à l’âge des 10 jeunes acteurs.

En effet, s’inscrivant dans le dispositif Talents Adami Théâtre qui permet la rencontre entre deux générations d’artiste, Fanny de Chaillé a dû en respecter les contraintes dont celle de faire appel à 10 jeunes comédiens de moins de 30 ans, qu’elle ne connaissait donc pas auparavant et qu’elle a recruter pour leur travail au corps.

Pleinement engagés dans leur performance ces jeunes talents sont, par leur énergie et leur joie transmissible du jeu en plateau, l’atout incontestable de ce spectacle. Et si certains sortent un peu plus que les autres du lot, tous offrent une prestation remarquable.

On citera Marius Barthaux débordant d’une énergie éruptive et communicative, Maud Cosset-Chéneau dont la présence magnétique et le jeu nuancé sont envoutants, Valentine Vittoz à la narration posée et impeccable, Margot Viala aussi ingénue que mordante, Polina Panassenko malheureusement trop discrète, Adrien Ciambarella en italien un peu fou.

Spectacle inattendu, tant sur le fond que sur la forme, "Le Chœur" offre à ses spectateurs 1h de folie créative et d’énergie débridée.

Hautement recommandable !