Spectacle conçu et mis en scène par Sanja Kosonen, avec Nedjma Benchaib, Jeremie Bruyere, Muriel Carpentier, Sanja Kosonen, Sampo Kurppa, Inka Pehkonen et Olli Vuorinen. Avant toute chose, il faut dire la beauté formelle du spectacle de Sanja Kosonen, "Cry me a river". Hardi mélange de vidéo, de danse et d'arts du cirque, cela ne pourrait être qu'une juxtaposition de moments décousus où chacun pourrait puiser ce qui l'intéresse.Mais plongeant les mains, voire les cheveux, dans un aquarium d'où, méticuleusement, elle crée l'ambiance visuelle projetée sur l'écran central pendant chacun des numéros, Sanja Kosonen établit une cohérence irréfutable, amplifiée par les chants mélancoliques caréliens. Le fil conducteur de "Cry me a river" sera donc les pleurs. Mais qui dit "pleurs" n'implique pas obligatoirement "tristesse" ou "austérité". Usant de légendes nordiques, Sanja Kosonen ne les adapte pas littéralement et se permet humour et naïveté pour les retranscrire. Ainsi en sera-t-il d'un mariage entre un ours truculent et une jeune fille innocente... Pour Sanja Kosonen, les pleurs sont synonymes de partage. Il s'agit ici d'explorer sous toutes les formes possibles cette rivière de larmes qui constitue l'âme humaine. Mais cette exploration n'est pas, il faut le répéter, individuelle et solitaire. Elle mélange les expériences de tous les intervenants. Danses, chants, musiques, trapèze, jonglage, fil, s'entremêlent dans un bel agencement de lumières, de son et d'effets vidéos. Tout cela avec une fluidité confondante qui débouche sur une harmonie apaisante, simple et subtile à la fois.
Les paroles se font rares à mesure que se déroule "Cry me a river". Le spectacle se suffit à lui-même et le spectateur se laisse gagner par l'émotion pure générée par chacun des personnages s'agrégeant peu à peu dans un tout dynamique. Au bout du compte, devant cet addition de talents, on aura le sentiment rare d'avoir vécu un moment fugace où la beauté a pris enfin le dessus sur le reste. Sa trace subsistera bien après la fin de "Cry me a river" et l'on saura gré à Sanja Kosonen d'avoir su provoquer cette si difficile alchimie des sens. |