Spectacle lyrique de l'Ensemble Le Poème harmonique sous la direction de Vincent Dumestre, mise en scène de Marie Lambert-Le Bihan, avec Stéphanie d’Oustrac et les musiciens Fiona-Emilie Poupard, Louise Ayrton, Lucas Peres, Pauline Buet, Vincent Lhermet, Vincent Demestre et Nicolas Rosenfeld.

La fête immémoriale de la Saint-Jean qui, entre autres, célèbre la jeunesse et les amoureux a inspiré la célèbre chanson "Mon amant de St Jean" écrite par Léon Agel et Emile Carrara sur le thème des amours éphémères qui donne son titre au spectacle lyrique proposé par Vincent Dumestre et Stéphanie d’Oustrac.

Le fondateur de l'Ensemble Le Poème harmonique dédié aux musiques des 17ème et 18ème siècles, et la flamboyante mezzo soprano pour laquelle le baroque constitue son répertoire de prédilection ont conçu ce qu'ils qualifient d'"aventure musicale et théâtrale unique" avec une partition en forme de miscellanées.

En effet, ils ont procédé par voie de mise en résonance tant stylistique que chronologique entre musique baroque, instrumentale (Marin Marais) et opératique (Claudio Monteverdi et Francesco Cavalli) et chanson populaires, médiévale ("La fille du Roi Louis") et réaliste de la première moitié du 20ème siècle ("Où sont mes amants ?").

Et ce sur la trame d'un parcours amoureux féminin aux intermèdes textuels dispensables qui, nonobstant une incursion dans la chanson grivoise avec la devenue incontournable "Les nuits d'une demoiselle" et la chanson comique avec une curiosité "Les canards tyroliens" issue de la féérie lyrique de la fin du 19ème siècle "La chatte blanche" des frères Coignard, privilégie les amours malheureux ("Lamento d'Arianna") et la mélancolie ("J’ai perdu ma jeunesse").

Deux registres dans lesquels le talent dramatique de Stéphanie d’Oustrac, comédienne et cantatrice, avec son jeu expressif et incarné, soulignant toutes les variations émotionnelles, lié à une intense présence physique et sa palette vocale, du fortissimo dolorosa au parlando, se déploie en majesté.

Dans la mise en scène sobre sans décor de Marie Lambert-Le Bihan, elle officie en interaction réciproque avec les instrumentistes émérites - Fiona-Émilie Poupard et Louise Ayrton (violon), Lucas Peres (viole de gambe), Pauline Buet (violoncelle), Nicolas Rosenfeld (basson et flûtes), Vincent Lhermet (accordéon) et Vincent Dumestre (théorbe) qui assure la direction musicale et signe les arrangements inédits avec Vincent Bouchot.

Une belle synergie qui irrigue ce spectacle-récitall aussi roboratif qu'inspiré.