"Un noyau de cerise
 Quatre ans, la chaise haute
 Et les doigts dans la prise
 Juste avant qu'on les ôte
 De justesse
12 ans, vif écorché
 La rivière, les Cévennes
 Sauter du grand rocher
 Et s'en sortir indemne
 De justesse
Promets-moi, mon amour
 De passer ton tour
 Promets-moi, mon enfant
 De rester vivant (...)
J'y pense tout le temps
 J'y pense tout le temps
 J'y pense tout le temps"
Bien sûr, nous pourrions mettre l’accent sur les superbes mélodies, sur la façon de traiter le phrasé du chant qui devient presque une marque de fabrique. Nous pourrions parler de la profondeur du son avec François Poggio aux guitares, du batteur Raphaël Chassin, de Marc Chouarain (structure Baschet et ondes Martenot), P.R2B au chant sur un titre, des cuivres. Nous pourrions parler de la pochette trompeuse, ce qui se cache derrière le décor, cette lumineuse Garden party ressemble en fait à un jeu de massacre où Florent Marchet aborde des sujets difficiles : la peur de voir ses enfants avoir un accident, les violences conjugales, enfant rejeté à cause de son homosexualité, les tensions familiales, les amis disparus, la dépression.
Mais ce qui nous fascine peut-être le plus dans son disque, c’est la finesse des textes, parce que Florent Marchet possède un réel talent d’écriture (jetez-vous si ce n’est déjà fait sur Le monde du vivant chez Stock ou pour vos enfants Mon frère s’appelle Raymond chez Thierry Magnier Eds). Parce que ce qui le touche nous touche aussi. Parce qu’à la quarantaine on se prend "La vie dans les dents". Rarement un disque nous aura parlé aussi intimement, comme si c’était une part de nos vies, de nos doutes, de nos angoisses qui se dessinait dans ses chansons. Comment ne pas avoir le cœur serré ("perforé") en écoutant "Paris-Nice", "Comme il est beau", "De justesse", "Freddie Mercury", "En famille" ? Et puis comment ne pas le remercier pour "De justesse", pour ses mots que nous n’avons jamais été capables de dire et qui seront sortis sous les larmes ?
Parce que chez Florent Marchet il y a forcément, foncièrement énormément de musique, de poésie mais également, beaucoup d’humain. Parce que la musique peut transformer, sauver une vie.
