Aussi invraisemblable que vrai, la nouvelle ne fit aucune vague il y a presque 8 mois, à la sortie de l'album en France. Recording a tape the colour of the light.
Un subtil titre éclairé pour le satellite d'Arcad Fire, emmené par Richard Parry (basse, claviers, etc..) et Sarah Neufeld (Violons). Un satellite pas si loin de la maison mère, qui prend malgré tout son envol, loin du sacre d'Arcade Fire.
Les ombres de Win Butler et Régine Chassagne planent, jamais très loin, mais le projet expérimental a de quoi surprendre l'oreille avertie. Des soupirs, des silences et pas de paroles, l'instrumentale est reine sur Recording a tape the colour of the light, bande-son imaginaire et onirique rêvée par Richard Parry et Sarah.
Si "Les lumières part 1" fait indéniablement penser à Arcade Fire dans ses instrumentations, le side-project de Bell Orchestre comble bel et bien un trou laissé béant par la musique contemporaine ; l'instrumental. Il faudrait presque remonter aux Tubular Bells de Michael Oldfield (Encore une histoire de cloches tiens…) pour retrouver cette science d'orchestrations, cette alchimie entre musique classique et énergie rock.
Violons lancinants, trompette qui claironne dans le fond… Bell Orchestre propose en préambule la rencontre de la musique classique et du jazz, un jazz qui aurait flirté avec le rock, vite fait bien fait. Un Boléro de Ravel sur fond d'Arvo Pärt. Un mix singulier évitant les écueils de l'instrumental long et chiant, relevant le tempo sur "Les lumières part 2", avec une chimie complexe, faite de transitions, d'actes et d'accalmies à l'intérieur du même morceau.
Si "Throw it on a fire" donne le tempo comme une gigue canadienne, c'est pour mieux rappeler les origines du combo, enlever les étiquettes rock coincées dans le dos et proposer une alternative à la musique moderne, faite de ponts et de refrains, de paroles et d'accords barrés.
Un véritable concept album écoutable sur la longueur, comme la bande-son d'un film rêvé, jamais réalisé, et mis en partition par Parry et Neufeld. On pourrait citer Morricone parmi les références du duo, pour le mariage subtil des instruments, que cela serait encore réducteur. "The Upwards march", levé de soleil sur l'horizon, les violons sous formes d'oiseaux dans le ciel, et puis l'explosion du trombone qui s'étire…
La musique peut-elle encore s'écouter sans étiquette, sans définition exacte ? Peut-on encore aimer sans connaître ? Un Parry osé diront certains, pour cet album qui n'hésite pas à prendre l'auditeur à rebrousse-poil.
D'autres écouteront l'album, encore et encore.
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