Après une série de 3 EP salués par la critique depuis 2001, il était temps pour frigo de sortir enfin leur album, la synthèse de tout ce qui faisait depuis plus de 5 ans leur réputation de bidouilleurs géniaux aussi à l'aise sur disques qu'en concert.
Voici donc Funambul, leur premier LP, mixé par Mario Thaler et qui sort enfin en ce mois d'avril 2006.
Tout commence par l'un des meilleurs titres de l'opus, "Pictures of melancholy", qui donne dès les premières secondes le ton. Une voix claire, un peu traînante, sur une musique pop rock calme riche en sonorités électros qui n'attend qu'un signe pour se révéler énergique et toute sonique. "Draft" et "Lost in time" sont à l'avenant, balades entêtantes qu'une simple écoute suffit pour apprécier et retenir. Une plongée dans un univers musical où chaque détail a son importance.
Moins calme, "Comportment notice", avec Scott McCloud, se paie le luxe de tout mélanger, entre les arpèges de guitares, les envolées de distorsion, la voix éreintée dans un déluge de vibrations métalliques. On sent beaucoup d'inspirations remaniées, retravaillées pour ne plus faire que le style frigo, à la limite de la chanson pop et du rock numérique.
5ème titre de l'album, le quasi-instrumental très électro "Westcoast voices" marque le tournant de l'album et présage le passage de la voix claire au chant crié des chansons suivantes. "Mentronic" et "Pop Corn Cinema", sur des mélodies toutes aussi entraînantes, montrent en effet l'efficacité de Max B lorsqu'il s'agit de crier ses textes et de brouiller les pistes suivies jusqu'à présent.
Retour au calme avec "Sweetheart" qui voit la collaboration de Troy Von Balthazar pour une chanson simple, douce, qui a le mérite de se planter dans les mémoires et de n'en plus bouger.
Suivra une chanson en français "Borderline" pour terminer l'album en beauté sur une magnifique plage instrumentale "Deadly Summer Trip" qui nous égare et nous laisse dans l'attente d'un autre morceau, d'un autre voyage sur la planète Frigo , un univers beaucoup plus chaud qu'il n'y parait.
Loin du cliché post-rock que Frigo traîne depuis plusieurs années, l'album est un bijou de pop, d'électro, de noisy, lorgnant parfois vers le talent d'écriture de Radiohead, tout en expérimentant l'électronique de la pop allemande. Le dictionnaire décrit le funambule comme "une personne d'une habileté acrobatique et contestable".
Ce Funambul de Frigo n'a rien de contestable et, d'une habileté toute particulière, il pourrait bien être l'un des meilleurs albums de 2006. |