Spectacle conçu et mis en scène par Emilie Rousset et interprété par Anne Steffens et Manuel Vallade.
Avec sa Compagnie John Corporation dédiée à l'exploration des modes d'écriture théâtrale et performative dans le genre du théâtre documentaire et politique, Emilie Rousset a notamment présenté le réussi opus "Rituel 4 : Le Grand Débat" consacré à la théâtralisation du débat télévisé de l’entre-deux tours présidentiel.
Avec "Playlist politique", elle a conçu une partition annoncée comme "une déconstruction de la théâtralité du politique" sous l'angle de l'utilisation et de la fonction de la musique.
Et ce non seulement comme modalité de la communication politique dans le cadre de la politique-spectacle et de la représentation de soi mais également comme un des outils du pouvoir avec une mise en scène soigneusement élaborée et au large prisme de la fédération à la manipulation.
Hors l'évocation du choix d'une chanson de Nina Hagen par la chancelière allemande Angela Merkel pour accompagner ses adieux en2021, la playlist se compose uniquement de "L'Ode à la joie" de la Neuvième Symphonie de Beethoven dont une version traficotée, dans tous les sens du terme par l'empereur generalmusikdirektor Herbert Von Karajan, a été choisie par la junte du Conseil de l'Europe comme hymne européen.
Puis comme accompagnement musical de leur cérémonie d'intronisation par des récipiendaires présidentiels français, successivement François Mitterrand en 1981 et Emmanuel Macron en 2017 et 2022.
Mis en scène dans un format court par Emilie Rousset, le projet se traduit sur le plateau sur fond de montage façon "cut-up", avec la projection de fichiers numériques relatant sa genèse et faisant office d'intermède, essentiellement par des extraits d'une interview d'Esteban Buch, musicologue et directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris, interprété par les comédiens Anne Steffens et Manuel Vallade.
Et sur fond de vidéo ludique, avec le commentaire humoristique de la cérémonie d'investiture portant notamment sur la multiplication des roses déposées au Panthéon par le Sphinx et la cadence martiale erratique de l'histrion comediante.
Le spectacle se clôt sur un cover de la chanson "Pastime Paradise" de Stevie Wonder dispensé par la chorale queer La Queerale dont le sens et la pertinence de son intervention sont laissées à l'appréciation du spectateur. |