Scintillement du saphir glissant en circulaire sur une plaque de vinyle.
Quelques notes de guitares, une nappe de synthé diffuse. Vient enfin la voix de Perry Blake.
"Let me take you to the crying room".
Je veux bien, oui, mais pas avec n'importe qui.
Je demande à voir avant.
Or voilà : c'est un album envoûtant, sensuel que Crying Room, virevoltant comme une nuée de feuilles jaunies par une atmosphère éventée d'automne.
Perry Blake est le capitaine du navire et il nous mène lentement à la dérive de la liberté ("Freedom")… Qu'importe ! Nous le suivons les yeux fermés, le croyant sur parole car il n'y a rien de mieux à faire qu'écouter cette voix angélique, bienveillante, nous conter des poèmes tendres, délicats, nous fredonner des mélodies doucereuses qui chatoient nos sens ("Theses young dudes", "Storms"). Pas soul mais avec une âme en or, Blake berce sans endormir, prolonge le rêve même lorsqu'il a enfin obtenu ce qu'il désire ("I get what I wanted").
Comment résister, comment ne pas succomber ("If you don't want me") ?
Cela fait des années que Perry Blake cherche la formule magique : c'est dans un dépouillement quasi-total qu'il atteint des sommets de béatitudes.
Disque court ce Crying Room (40 minutes à peine).
Néanmoins, rien à jeter, une pierre précieuse hors des circuits marketing complètement inadapté à promouvoir des non-produits tel ce disque dont le grattage vinylique du début et de fin prouve qu'il est bien hors du temps. |