Il y a dans la musique de Zils Deless-Velins / Lunt quelque chose de spirituel, dans cette notion de "souffle, d’esprit" dans ce qu’il y a de relation à l’humain, de quête de sens, d’espoir et de libération.

Tout cela se retrouve dans son approche de la musique, qui n’est jamais pensée comme une fin en soi. Elle semble comme être un atome qui évolue au centre d’un cube avec ses huit sommets appartenant chacun à huit mailles.

Il y a comme un avant, un après, un dessus, un dessous. Il y a quelque chose de rationnel dans sa musique, dans le soin extrême apporté au façonnage de la matière sonore, dans le moindre élément structurel, dans la moindre onde ou grain (il n’est pas également ingénieur du son pour rien), dans les textures, dans les dynamiques, les phrasés ou encore les lignes mélodiques.

Dans sa façon de penser, de rêver, d’élaborer des paysages sonores. Des "poèmes sonores" proposant : "des variations sur le sentiment de "solastalgie" : notre angoisse, notre inquiétude face à la disparition de certains phénomènes naturels due au changement climatique. Comment imaginer un monde sans neige alors que toute une partie de la vie dans les pays nordiques s'articule autour de rituels liés à l'arrivée de l'hiver. Le silence de la nature n'est pas celui d'un monde sans oiseaux ; des pas sourds dans la neige ne sont pas un enfer glacial sans écho".

Son expatriement vers la Lettonie (les gens, l’amour, la nature, la musique) en est une des causes sans en être forcément l’aboutissement. La Lettonie omniprésente : le titre "Lasteka" (nom désignant les pics de glace descendant des toits), "Auseklis" (l'étoile orientale guidant dans la nuit d'hiver), ou "Crossing Daugava", la Daugava étant le principal fleuve de Lettonie où l'on vient spontanément pêcher lorsque son sol est gelé.

Chaque note, chaque geste (l’importance indéniable du geste) est pensé, analysé presque.

On aime à se laisser aller à cette musique organique (quelque part entre ambient et slowcore) qui peut être autant des méditations, que des traversées, des échappées ou une ouverture intérieure. Un ressourcement qui est comme un cadre propice au calme, aux nuances et à la contemplation. Superbe.