Spectacle musical conçu et mis en scène par Samuel et Julien Jafa, avec Bastien Monier, Guillaume Pevée, Marine Duhamel, Océane Demontis, Lola Rose, Jean Louis Dupont, Melissa Mekdad, Clement Cabrel, Hippolyte Bourdet et Charlène Fernandez.

Le fameux détective Sherlock Holmes créé par Arthur Conan Doyle à la fin du 19ème siècle connaît un inaltérable engouement et suscite toujours de nombreuses adaptations tant cinématographiques que scéniques.

Manquait la version musicale et les Frères Safa l'on fait. Et ce non en se contentant d'une simple mise en musique mais en élaborant, au terme d'une remarquable et ambitieuse entreprise, un très réussi spectacle irrigué d'humour et de jubilatoires anachronismes placé sous l'aune du syncrétisme dont rend compte son titre.

En effet, avec "Sherlock Holmes - L'Aventure Musicale", Samuel Safa et Julien Safa combinent la comédie musicale avec une comédie policière, une enquête menée par le personnage-titre, avec ce que cela comporte d'énigmes résolues sur le mode du raisonnement abductif, qui se déroule sur le mode du roman d'aventure avec mystères et rebondissements déployés en un périple au long cours autour du monde à la résonance julevernienne mais également, et surtout tintinesque.

Ainsi avec l'intrique, le vol d'une statuette aztèque dans un musée londonien, qui évoque celle de l'album "L'Oreille cassée"et des indices soigneusement instillés tel leur moyen de locomotion le bateau "Karaboukistan" qui rappelle le "Karaboudjian" du Capitaine Haddock.

Et avec tableaux chantés et dansés, ballets et même batlle de claquettes, une comédie musicale portée par le syncrétisme éclectique de la partition musicale élaborée par Samuel Jafa en mode musiques du monde, du jazz à la ballade irlandaise en passant par la cantate mexicaine, le swing et la danse des canards customisée en danse des piments.

Toutes les séquences s'enchaînent de façon millimétrée sur un rythme trépidant dans une scénographie qui, hors quelques éléments mobiliers et l'aéroplane de la stupéfiante course-poursuite en forme de jeu vidéo, repose essentiellement pour signifier les différents lieux géographiques sur une projection vidéo résultant du travail virtuose du graphiste, vidéaste et animateur 3D Harold Simon, manifestement inspiré par la ligne claire d'Hergé.

Au jeu, neuf interprètes, tous comédiens, chanteurs et danseurs émérites. Pour les principaux protagonistes, Bastien Monier (Sherlock Holmes), Guillaume Pevée (le docteur Watson) et Marine Duhamel (la jeune recrue portant le nom de l'actrice ayant joué dans la série des Harry Potter) forment un convaincant trio.

Et en multi-rôles mais chacun ayant son quart d'heure warholien avec un solo dédié, ainsi entre autres Océane Demontis dans le rôle de la princesse indienne et Charlène Fernandez en clone de Frida Khalo, Jean-Louis Dupont, Melissa Mekdad, Clément Cabrel et Hyppolyte Bourdet.

La troupe est mise au pas de danse de manière époustouflante par le chorégraphe Johan Nus qui décline en cohérence avec le syncrétisme qui préside à l'opus, les spécificités de la comédie musicale de Hollywood à Bollywood en passant par l'opérette à la française et la danse urbaine.

Et elle dispense en parfaite synergie un superbe prestation qui concourt à l'excellence de ce divertissement roboratif et fédérateur.