Your Mother Should Know : Brad Mehldau Plays The Beatles
(Nonesuch Records) février 2023
"Once there was a way
To get back homeward
Once there was a way
To get back home
Sleep, pretty darling
Do not cry
And I will sing a lullaby"
Les 19 et 20 septembre 2020, Brad Mehldau jouait seul au piano à la Philharmonie de Paris. Au programme, les Beatles. Pas vraiment une surprise, son univers, sur disque ou en concert dépasse largement les frontières du jazz dont il est l’un des grands maîtres.
Les Beatles donc, et puis une préférence, absolument pertinente, pour des chansons qu’il aime plus que pour des classiques. En même temps, "I am The Walrus", "Your Mother Should Know", "Golden Slumbers", ne sont-ils pas des classiques ? Des morceaux auxquels il faut rajouter "I saw her standing there", "For no one", "Baby’s in black", "She said she said", "Here, there and everywhere", "If i need someone", "Maxwell’s silver hammer".
Et des interprétations pensées comme des paraphrases, avec cette façon de s’approprier et commenter avec des variations, des changements d’harmonies, des ornementations, des développements différents le morceau, se servant de la mélodie comme substrat de base. Pas si loin de la fantaisie ou de la rhapsodie. Une façon aussi d’aller à l’essentiel, de chercher des atmosphères, des ambiances différentes, de raconter une histoire, de retrouver l’ambivalence entre le style de Lennon et celui de McCartney et les réunifier.
Et il y est plutôt comme un poisson dans l’eau. La musique des fabfour se marie avec le charme trouble de ses improvisations et de ses textures, sa science du contrepoint, son idiome musical lyrique, sa clarté polyphonique, la subtilité de son groove et de son phrasé. C’est parlant dans "I am The Walrus", "Baby’s in black", "I saw her standing there" ou encore "Golden Slumbers", peut-être moins dans "Maxwell’s silver hammer" ou "She said she said".
Et de terminer avec "Life on Mars ?" de Bowie comme un pied de nez et peut-être, ce qui pourrait être une suite.