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Théâtre de la Cité Internationale  (Paris)  mars 2023

Spectacle de la Compagnie Courir à la Catastrophe, mise en scène de Sacha Ribeiro, avec Lucie Auclair, Logan De Carvalho, Alicia Devidal, Marie Menechi, Lisa Paris, Clément Soumy, Simon Terrenoire et Alice Vannier.

Ce n'est pas facile de trouver un titre à un spectacle qui se veut hors normes et qui souhaite s'inscrire dans "son temps".

Avoir trouvé "Oeuvrer son cri" est déjà un bon point pour Sacha Ribeiro car, objectivement, ce n'est pas à la portée de tous les jeunes gens qui auraient cherché vainement un jeu de mots, voire une référence à leur marque préférée de céréales matinales.

A une époque où la critique est facile, surtout quand on se contente de peu, la Compagnie Courir à la Catastrophe a élevé le débat en prenant pour sujet "l'occupation d'un lieu culturel". Comment ils ne sont pas atteints de "jeunisme", ils ont eu l'intelligence - un autre bon point - de se référer aux exemples passés, à des temps lointains et même pré-soixante-huitards où des artistes se sont réfugiés dans des théâtres menacés de disparaître.

Evidemment en revenant vers aujourd'hui, ils ont pu faire une étape à l'Odéon en 1968, à l'époque où Roger Carel, la voix d'Astérix, avait proposé avec le sérieux d'un camarade de lutte de Pierre Dac et de Francis Blanche, lui, d'aller occuper le Guignol du Luxembourg. Eux, avec un clin d'œil à ce qui s'est passé là il n'y a pas si longtemps, ils ont décidé de s'occuper du théâtre de la cité universitaire. Et cela tombe bien : ils y étaient programmés.

Quand on connaît pareil sujet, on est inquiet. On se dit qu'on en a déjà vu pas mal et que les spectacles prétendant jouer avec un lieu de spectacles où l'utopie règnerait en maîtresse, sont souvent des débâcles...

Pour les huit membres de la Compagnie Courir à la catastrophe, les choses se font dans une grande logique : filmés en vidéo dans la cour de la Cité U, on les voit à la queue leu leu pénétrer dans le bâtiment par une porte dérobée... et surgir quelques secondes plus tard devant le public qui les suivait jusqu'à lors en vidéo...

En les découvrant en vrai, le public voit des jeunes gens très sympathiques en pleine agitation... mais très efficaces pour déposer tout leur barda. Pendant tout le reste du spectacle, ils ne changeront pas prenant constamment les bonnes décisions, gardant leur ligne, surmontant leurs différends.

Quand on a déjà suivi les aventures d'une bande qui fait communauté, qui veut la faire triompher pour réussir ensemble ce qui aurait raté s'ils étaient désunis, on craint le pire. On se souvient que, jadis, à l'ère post-soixante-huitarde, la conjonction des résistances individuelles et des égos surdimensionnés aboutissait inexorablement à l'échec de l'utopie que l'on cherchait à mettre en place.

Mais, autres temps, autres mœurs : ici personne ne prononce le mot "utopie" et puis, autre changement, l'irruption du concept de "résilience" dans le programme. Modestes dans leurs objectifs, mais tenaces pour les tenir, ils ont enfin appris de leurs prédécesseurs qu'il ne fallait pas investir, du moins frontalement, le champ politique, celui du pouvoir. Ici aucun n'a envie d'être "le" ou "la" chef(fe).

Tous pensent au "bien commun" et ne veulent pas être celui ou celle qui le pourrit. Quant aux engueulades, elles n'ont plus rien d'idéologique. Elles sont prosaïques et ont pour objets des choses aussi terre à terre que les bouchées à la Reine.

Dans la scène majeure d'"Œuvrer son cri", celle qu'on pourrait appeler "la réunion citoyenne", on a une nouvelle preuve du bon esprit de l'octuor : chaque intervenant du public pourrait n'être qu'une caricature (le représentant de la mairie, le cultureux revenu de tous les combats culturels...).

Mais jamais ces personnages ne sont poussés trop loin. Distanciés, certes, mais pas moqués, ils laissent à penser qu'ils pourraient, in fine, être convaincus par ce qu'on veut proposer les nouveaux occupants du théâtre.

Ni Deschiens ni Chiens de Navarre, les poulains de Sacha Ribeiro, préfigurent une nouvelle manière de dire les choses. Pas de second degré dévastateur, aucun cynisme de petits malins qui vont prendre place pour longtemps. Dans "Œuvrer son cri", on sait les choses provisoires et on ne les prolongera pas au-delà du nécessaire.

On remerciera dont nommément Lucie Auclair, Logan De Carvallho, Alicia Devidal, Marie Menechi, Lisa Paris, Clément Soumy, Simon Terrenoire et Alice Vannier de ce bain de fraîcheur théâtrale dans lequel ils convient le public. On espère vraiment qu'ils sauront récidiver après "Oeuvrer son cri" à qui on souhaite évidemment longue vie. Ils ont placé la barre très haut. Tant pis pour eux : ils seront condamnés à être encore meilleurs la prochaine fois

 

Philippe Person         
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