"Quand j’aurai dit à vos lecteurs que mon canon c’est l’instinct, que je n’ai pas de principe et que je m’en vante, que, Dieu merci, je n’ai aucun système d’écriture (système équivalent pour moi à "trucs"), que l’inspiration est une chose si mystérieuse qu’il vaut mieux ne pas l’expliquer. Croyez-vous qu’ils seront transportés d’intérêt ?" Francis Poulenc, 1945.

Vous connaissez ces concerts avec comme titre : de Bach à nos jours. Un titre marquant souvent un manque d’originalité ou de lignes directrices fortes et oubliant trop fréquemment qu’un compositeur mort depuis trente ou quarante ans n’est donc plus de nos jours. Pas de Bach à nos jours pour David Grimal mais de Bach à Stravinsky. Un grand écart réalisé avec plus ou moins de bonheur.

Dans un premier disque Grimal livre, pour la troisième fois, sa version de l’Everest du "violon seul" avec son Stradivarius avec cordes de boyau pur et un archet baroque de Nicolas Pierre Tourte (1740). L’interprétation très soignée souffre d’une trop grande prévisibilité (en réaction à son enregistrement paru chez Naïve en 2008 ?) et d’un certain manque d'incarnation, reste une probité, une rigueur architecturale, une souplesse et une technique toujours aussi bluffante.

Le violoniste avec le pianiste Itamar Golan consacrent un second disque à Poulenc (sonate pour violon et piano), Stravinsky (Divertimento pour violon et piano) et Prokofiev (sonate n°1 pour violon et piano). "Nous sentions toute cette tension accumulée, et nous nous sommes dirigés vers ce programme franco-russo-ukrainien (car Prokofiev est né en Ukraine). Dans l’humble espoir d’une réconciliation entre nos peuples qui n’ont rien contre les autres" explique Grimal. De la verve, de l’esprit, une énergie, des gestes déliés servent ces trois œuvres.