Quel livre que celui que nous propose Eric Branca au sujet des liaisons dangereuses entre l’Angleterre et le troisième Reich. Les fameux "cousins germains" dont il nous parle ou comment l’Angleterre a failli faire la paix avec le IIIème Reich et accepter le partage du monde qu’Hitler proposait aux Anglais. Evidemment, l’issue de la guerre eut été tout autre si cela s’était passé.
Au travers d’une plume alerte et riche de nombreuses révélations, l’auteur nous montre comment Churchill réussit à faire échouer ce plan, triomphant des anciens partisans de l’apaisement, regroupés derrière son prédécesseur, Neville Chamberlain, celui qui signa les accords de Munich quelques années auparavant.
L’ouvrage nous montre bien comment certains s’activaient depuis vingt ans pour mettre fin à l’entente cordiale entre la France et l’Angleterre au profit d’un accord géopolitique avec l’Allemagne. Une sorte d’accord qui donnerait aux Allemands un pouvoir continental important, une intégration économique privilégiée avec le monde anglo-saxon quand l’Angleterre et son empire pourrait écraser le commerce mondial.
Mais ce qui est encore plus édifiant dans l’ouvrage, c’est que tout cela a été poursuivi par une grande partie de l’aristocratie britannique, notamment d’une partie de la famille royale régnante, autour du roi Edouard VIII. On y retrouve aussi le gouverneur de la banque d’Angleterre mais aussi des personnes venant de différents secteurs de l’opinion et même du syndicalisme. Il nous dépeint ce qu’il appelle un fascisme aristocratique. On y retrouve des élites qui ne se rendent pas compte, ou bien qui refusent de voir la dangerosité du nazisme qui s’installait en Allemagne.
L’ouvrage revient sur une photo de 1933 où l’on voit la future reine Elisabeth II, alors enfant, faire un salut nazi, encouragée par son oncle hilare Edouard VIII. Cela résonne avec l’histoire récente du prince Harry qui se rendit à une soirée déguisée avec un brassard nazi.
Hitler, lui, de son côté, et l’ouvrage nous le montre très bien aussi, avait une fascination pour l’Angleterre qui était inséparable de sa doctrine raciste. On découvre au fil des pages que cette idéologie fut forgée au contact d’un idéologue britannique, Houston Chamberlain, considéré par les nazis comme leur second "prophète".
On voit aussi bien qu’Hitler était vu en Angleterre comme quelqu’un qui serait facile à manipuler, à amadouer. Et comme celui-ci était particulièrement hostile à la France, qui ne s’était pas rendue compte de ce degré extrême d’hostilité, on comprend comment il pouvait apparaître complémentaire aux yeux des Anglais, qui ne nous appréciaient pas tant que cela non plus. On sait que les Anglais voyaient en nous une nation belliqueuse depuis très longtemps. Ils nous reprochaient aussi notre intransigeance et notre sévérité lors du traité de Versailles, n’hésitant pas toutes formes de complaisances à l’Allemagne, qu’elles soient économiques ou politiques.
Alors voilà, ce livre est vraiment passionnant, très facile à lire, très précis dans ce qu’il raconte avec en plus à la fin un chapitre qui nous raconte ce que sont devenus les principaux personnages du livre après la guerre. A cela s’ajoutent aussi de nombreuses annexes en fin d’ouvrage qui éclaire la lecture du livre. Pour finir, il nous montre l’importance de Churchill durant cette période même si récemment des excellents ouvrages le concernant ont été publiés, la biographie Churchill et Hitler et Churchill, sorti il n'y a pas longtemps. |