Cabaret marionettico-musical Delphine Bardot et Santiago Moreno avec Delphine Bardot, Lucie Cunningham, Santiago Moreno, Karl StetS Lonely Orkestra et Martin Kaspar Orkestar.
Pour son dernier spectacle de l'année, avant l'arrivée de la BiAM (Biennale internationale des Arts de la Marionnette) en mai, le Mouffetard a donné carte blanche à deux artistes Delphine Bardot et Santiago Moreno, de la Compagnie La Mue/tte, qui se produit souvent en son sein..
Pour une heure, dense, et heureusement prolongée de quelques rappels, c'est donc à un cabaret musical que se transforme la scène du théâtre consacrée d'ordinaire aux marionnettes...
Mais celles-ci seront tout de même présentes, que ce soit dans l'intervention commune de Delphine ou de Santiago ou de celle d'une de leurs invité(e)s, Lucie Cunningham, violoniste et marionnettiste, qui donnera à voir sa "femme horloge", un extrait de son spectacle "Unravel", qu'elle jouera en mai à Fontenay-sous-Bois, dans le cadre du BIAM 2023.
Mais le clou du spectacle est la réunion de trois hommes-orchestres dans ce qu'on pourrait appeler un orchestre d'hommes-orchestres.
Aux côtés de Santiago Moreno qui joue principalement de la guitare et porte sur son dos une espèce d'échafaudage de percussions, est venus s'adjoindre le remarquable Martin Kaspar Orkestar, Danois, pratiquant la clarinette divinement et astucieusement pourvu de sifflets, de tambours, etc... Le troisième homme est Karl Stets, Suisse, chauve sous son haut de forme fatigué, et ayant construit son auto-orchestre autour de son tuba ou de son accordéon.
On aurait aimé les entendre pendant des heures. Ce fut simplement un moment de grâce musical. Si l'on est néophyte en la matière, on peut se demander quel rapport unit manipulation et musique ainsi jouée... et l'on comprend que pour manœuvrer leur "orchestre", ils utilisent des fils. Découvrir cela amusera peut-être les connaisseurs, mais ravira ceux qui en feront, de visu, l'expérience.
Paradoxalement, cette soirée qui semble donner une place mineure aux arts de la marionnette, éclaire la richesse de cette discipline. Quel plaisir, aussi, de voir taper des mains à l'unisson, des gens de tous les âges, de tous les horizons
On reconnaissait assez facilement la "chanson de Mackie", des airs d'Europe centrale, genre musique Klezmer et de la chansonnette transalpine. On suppose qu'à leur répertoire, il y a possiblement "Bella Ciao" et des airs de Goran Bregovic.
Delphine Bardot et Santiago Moreno ont voulu cette "Nuit des pieuvres" comme un spectacle "spectentaculaire". En tout cas, il restera dans les mémoires de tous ceux qui y assistaient.