Orchestre national de Lyon, Ben Glassberg & Camille Pépin
Les Eaux célestes
(NoMadMusic) avril 2023
Le programme de ce nouveau disque consacré à des œuvres (Aux confins de l’orage, Les eaux célestes, Avant les clartés de l’aurore, Laniakea, La source d’Yggdrasil) de la compositrice Camille Pépin s’articule autour de pièces de formations différentes, allant du grand orchestre à l’orchestre de chambre.
Les nœuds de convergences y sont une rencontre privilégiée avec l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Ben Glassberg, une synergie, un travail sur les "espaces célestes", les timbres, les couleurs, la spatialisation.
Nous sommes dans le registre du Poème symphonique, de la musique à programme : les phénomènes lumineux transitoires qui se produisent pendant des épisodes orageux dans Aux confins de l’orage pour grand orchestre symphonique (2021), la légende chinoise de la princesse Orihime qui tisse les nuages pour fabriquer des vêtements pour les dieux et d’Hikoboshi le bouvier des étoiles qui garde les vaches pour nourrir le royaume céleste dans Les eaux célestes pour grand orchestre symphonique (2022), un quatrain extrait d’un chant de Pouchkine dans Avant les clartés de l’aurore pour ensemble de douze musiciens (2020), la superstructure galactique (le superamas de galaxie) Laniakea dans la pièce du même nom pour orchestre symphonique (2019) et Yggdrasil l’arbre-monde de la mythologie scandinave dans La source d’Yggdrasil pour orchestre symphonique (2018).
L’écriture de Camille Pépin y est étincelante. Une écriture qui ne craint pas d’être sensible, contemplative, poétique, vibratoire, recherchée, pétrie de dynamiques, de nuances, de tradition mais bien de son temps, et toujours mélodique. Une écriture qui ne cherche jamais un avant-gardisme d’un autre âge, mais toujours à donner des émotions. La musique à programme lui va comme un gant, elle qui est si influencée par la nature, la littérature, la peinture, Aux confins de l’orage a quelque chose des tableaux de Fabienne Verdier (mais il y a également chez la compositrice des élans rappelant Gerhard Richter, Cy Twombly, Jean-Marc Bustamante ou Julie Mehretu) et il y a chez Camille Pépin une "ambiguïté permanente du langage entre concret et abstrait" pour reprendre les mots d’Alain Rey sur Verdier. La musique pour orchestre lui convient également (l’orchestration, tout comme les textures, est à saluer). Et que voyage sa superbe musique !
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