Comédie, spectacle musical d'après l'oeuvre de Shakespeare, mise en scène de Kévin Olivier Salles, avec Kévin Abgrall, Lucas Berger, Simon Davalos, Diane Renier, Bokai Xie, Tudual Gallic.
Où l'on croise Shakespeare, Lana del Rey, Jacques Brel, Alizée, Berthold Brecht, des rappeurs belliqueux, des slammeurs poétisants, des exercices de mime, du slapstick, au final, un concept de spectacle total.
Qui ne connaît pas l'histoire de Roméo et Juliette ? Romance universelle inscrite au patrimoine génétique de l'humanité.
Moins connu est le personnage de Mercutio, ami de Roméo et l'un des seuls rôles de la tragédie n'appartenant à aucune des deux maisons ennemies. Mercutio est pourtant un personnage intéressant dans l'œuvre de Shakespeare, c'est même le plus attachant, délivré qu'il est des enjeux qui tiraillent les autres protagonistes.
Son monologue de la Reine Mab, qui reste l'une des tirades les plus célèbres de la l'histoire de la littérature, est justement déclamé ici avec une conviction toute nouvelle et une force où les mots du dialogue original prennent toute leur puissance. Le comédien Lucas Berger, qui endosse le rôle-titre démontre ainsi son talent et sa capacité à nous trimballer d'une époque à l'autre.
La prouesse tient aussi sans doute de la mise en scène de Kévin Olivier Salles. Les passages du texte original croisent d'autres moments moins solennels où le langage actuel et l'humour font souvent mouche en créant une rupture des plus efficaces. Les bonnes idées fourmillent, la mise en scène par de légers moyens, épaule un récit, qui loin d'être aussi décousu que le mélange des styles pourrait le laisser croire, nous mène au dénouement qui ne surprendra personne.
L'angle pris par ce récit surprend aussi par sa modernité, prêtant à Mercutio des sentiments ambigus envers son ami Roméo ou accordant au personnage une psychologie plus complexe que dans l'œuvre originale en introduisant le rôle de la Reine Mab, voix intérieure, personnalité double.
On passe un très bon moment avec ce collectif Nox enthousiaste et inventif, à condition toutefois d'être prêt à se laisser transporter d'un extrême à l'autre des possibilités qu'offre le spectacle vivant et ne pas trouver incongru de croiser des personnages de Shakespeare rappeurs, parfois grotesques, une Juliette barbue à la voix envoûtante et des répliques parfois volontairement vulgaires, mais toujours très drôles.
Un dernier mot pour signaler le soin apporté aux costumes et pour vous dire que la troupe sera au festival d'Avignon cet été. |