Initiée par sa directrice Elsa Janssen qui en assure le commissariat avec Serena Bucalo-Mussely, responsable des collections, l'exposition "Yves Saint Laurent - Formes" présentée au Musée Yves Saint Laurent s'inscrit dans la nouvelle tendance muséale de mise en espace confiée non à une agence spécialisée dans la création de scénographies mais à un artiste.
Tel ainsi actuellement pour la monstration "Célébration Picasso, la collection prend des couleurs !" confiée au designer britannique Paul Smith
En effet, sous-titrée "Décors et œuvres de Claudia Wieser", elle résulte d'une carte blanche octroyée à cette artiste allemande pour opérer une mise en résonance de ses oeuvres avec une quarantaine de modèles, haute couture et prêt-à-porter, accessoires et croquis, d'Yves Saint Laurent sur la thématique de la forme géométrique.
Yves Saint Laurent, entre art et haute couture
Artiste plasticienne, Claudia Wieser crée des sculptures, aménagements intérieurs et décors muraux ressortant à l'abstraction géométrique avec le tropisme de l'utilisation combinatoire de carreaux de céramique émaillés évoquant également le graphisme du style Art déco privilégiant la ligne droite.
Et elle poursuit la mise en résonance de la mode ressortant aux arts appliqués avec les beaux arts qui constitue une constante saintlaurentienne.
Ses compositions graphiques rythment le parcours qui célèbre l'art d'Yves Saint Laurent de la pratique et de la maîtrise de la forme, de la ligne et de la couleur dans la création de mode qui se révèle dès ses débuts à la fin des années 1950 avec la ligne Trapèze créée lors de son directorat artistique chez Christian Dior.
Puis, sous sa griffe, avec les modèles monochromes et les collections associant les couleurs saturées à la manière de la palette du Pop art car la pratique de Yves Saint Laurent, passionné d'art et collectionneur, s'inscrit dans un dialogue récurrent avec les beaux arts.
Avec une inspiration assumée avec les peintres modernes précurseurs de l'abstraction, avec les modèles en hommage à Serge Poliakoff et notamment Piet Mondrian avec la fameuse collection des robes-tableaux de 1965 présentées en 2019 dans la "Nouvelle présentation des collections" dont elle constituait un des focus majeurs.
Hors de tout sectarisme chromatique et artistique, Yves Saint Laurent décline les codes du Minimalisme avec le bi-chromatisme noir/blanc en l'espèce représenté par un florilège significatif de modèles des
décennies 1980-90.
Et Yves Saint Laurent s'illustre magistralement dans le registre de la fantaisie chromatique avec ses audacieux patchwork de matières et de couleurs qui président à la collection automne-hiver 1988 avec notamment les vestes d'obédience "arlequin cubiste" telles, et entre autres, celle retenue pour l'affiche.
En préambule à la visite, à écouter en podcast la rencontre avec Laurent Le Bon sur le thème "Yves Saint Laurent, dialogues avec l'art".
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