Les Snobs c'est bien. J'aime cet EP. P.S : On excusera la platitude relative de cette chronique. C'est qu'il est difficile de parler longuement d'un EP qui ne dure en tout et pour tout que 5 minutes. On aurait pu dire bien entendu qu'il se composait de quatre chansons, la pièce maîtresse étant certainement une version alternative de "A pig in my harem", un titre du premier album, éponyme, du groupe, ce qui aurait impliqué que l'on souligne que les trois autres pièces ne duraient qu'une trentaine de secondes chacune; ayant dit cela, il aurait bien fallut parler un peu plus longuement des Snobs, présenter leur univers décalé et extrême, où l'humour le dispute à la noirceur et aux expérimentations sonores de tout crin, du gadget au trait de génie, et le mot "hétéroclite" serait venu à merveille ponctuer cette description, pour peu qu'on le prononce avec une intonation laudative, puis de là s'étendre au statut étrange de ce groupe qui se produit très peu sur scène et ne se distribue que par le net, en toute gratuité, souligner la générosité de la démarche, son adéquation à une certaine idée de la musique indépendante, en jouant peut-être sur les mots, pour lancer avec bonheur et enthousiasme un bon mot sur l'indépendance musicale dont ce disque et cette discographie font preuve; on aurait même adroitement inséré un lien vers le site officiel du duo, où sont librement téléchargeables leurs compositions, avec artwork de circonstance, accumulant les adjectifs reconnaissants avec juste ce qu'il faut de distance pour rester crédible, distance se manifestant peut-être par l'adroite construction d'une interrogation sur le sérieux de l'entreprise, d'ailleurs tout autant destinée à éveiller l'intérêt du lecteur curieux qu'à faire réfléchir l'auditeur critique.Ayant fait cela, cependant, aurait-on vraiment été fidèle à l'esprit auto-dérisoire et même dérisoire tout court qui s'illustre dans la musique de Mad Rabbit et Duck Feeling, les deux frères pseudonymés ? Ne serait-ce pas une habitude malséante de chroniqueur de disque en mal de grandiloquence qui aurait porté à écrire une chronique plus longue à lire que le disque ne l'est à écouter, prétendant dans une scandaleuse inversion de toute logique dicter longuement son opinion à d'autres, pour qu'éventuellement ils se la mettent en bouche plutôt que de les enjoindre, tout simplement, à écouter et se forger eux-mêmes, plus rapidement et plus justement, un avis personnel ? N'est-il pas mieux séant de se souvenir que la chronique ne vaut pas pour elle-même, que malgré le plaisir d'aligner mots et phrases, l'élan jubilatoire de celui qui, effectivement, écrit, le plaisir onaniste du beau-parleur gratte-papier, fut-il internautique, la jouissance narcissique du crieur public qui s'époumone sur la place publique pour dire combien tel disque l'a enchanté, lui, le très-saint lui, n'est-il pas mieux séant donc, de se souvenir que malgré cela c'est du disque qu'il doit s'agir toujours ? Le but n'est-il pas de donner envie à d'autres de l'écouter, de dire comme à quelqu'un qui a confiance en ce qu'on lui dit, qu'il vaut la peine d'écouter ? Le but n'est-il pas, tout gratuit, de faire connaître des artistes, de repousser les limites du cercle, toujours trop étroit, de ceux avec lesquels on partagera leur art ? On excusera donc la pauvreté, l'indigence, même, de cette ligne qui a l'audace outrecuidante de se prétendre chronique de disque ; peut-être y aurait-il eu beaucoup plus à en dire ; mais de la musique, on n'aurait peut-être pas mieux (c'est-à-dire : plus justement) parlé.
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