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puce The Stooges - The Brats
Le Zénith  (Paris)  8 mai 2006

Les gens hurlent, sifflent alors que les lumières se rallument. Il faut faire comprendre que la chose est terminée. Les roadies démontent la batterie, " show is over" et à dans deux ans.

Le concert a duré un peu plus d'une heure, une heure et quart en fait, comme à chaque fois. Et il ne faut pas s'en plaindre, les premiers concerts des Stooges duraient vingt minutes.

Mais le public n'en découd pas, il en veut plus alors il gueule, pas près de quitter la salle. Les gens sont hésitants : faut il partir ou pas... Moi je pars en tout cas, je suis malade. Mais eux continuent à gueuler.

De toute manière ils n'ont fait que ça pendant tout le concert. Surtout pour les pauvres Brats, la première partie.

Les jeunes parisiens n'ont pas vraiment été accueillis en héros sauveur du rock. Loin de là même. Le groupe s'est fait lyncher, peut être à juste titre. LE problème des Brats c'est que l'on se perd dans leurs chansons, on ne comprend pas où ils veulent en venir.

Et puis ils pouvaient pas plus mal tomber : première partie des Stooges au Zénith de Paris... à part les Stones au Stade de France je vois pas. Pourtant ils sont agréables à regarder sur scène... le problème est purement musical.

On a beau avoir du charisme, ça ne suffit pas. Leur chanson "Aux Yeux de l'univers" par exemple, elle a cette remontée d'accord impossible, du sol dièse au fa je crois... c'est pas très logique mélodiquement. Il faudrait une petite cure de blues folk à ces garçons. Se mettre à jouer des trucs simples et répétitifs, juste pour une rééducation musicale comme dirait l'autre. Peut être se cherchent-ils encore, j'espère bien pour eux.

Et puis tout le monde leur gueulait dessus « Casse toi! Dégage! Ta gueule!! ». C'est face à cela qu'ils ont eu une attitude géniale. Ils ont provoqué un Zénith entier sans se dégonfler une seconde. Comment répondre au hurlement d'un public mécontent, eux ont opté pour "Nous aussi on vous aime!".

Puis ils ont invité toute la salle à leur envoyer des trucs à la gueule "Profitez en, c'est notre dernier morceau!". Certains ne se sont pas fait prier. Alors il y eu des bouchons de bouteille, des T-shirt, je crois même une pompe. Et Nikki Brats dans un ultime défi a abordé un T-shirt Von Dutch envoyé un peu plus tôt, le tout avec une fierté certaine, le mettant sur son épaule... sorte de trophée de guerre.

Certains les ont applaudi pour leur attitude, d'autres ont crié de plus belle. C'est la dure loi des concerts, les Stooges aussi sont passés par là après tout, sauf que eux c'était des bouteilles de whisky. Par contre tout le monde s'est accordé à dire que c'était pourri. "Mais c'est pas possible, se sont les fils du programmateur! ", "T'as vu comment il s'est foutu de notre gueule, il a même une chanson qui parle de sa prof d'anglais !", "Avec un truc aussi pourri, j'aurais même pas osé monter sur scène"... j'en passe et des moins cinglantes. La jeune scène parisienne n'est pas près de trouver grâce dans le coeur de tout le monde, surtout pas chez les vieux sosies d'Iggy Pop.

L'après concert des Stooges est souvent étonnant. Il y a deux ans, j'avais rencontré une fille dans le métro qui avait perdu ses chaussures dans la fosse et qui rentrait chez elle en collant...Ou il y avait eu ces deux mecs qui se sont battus devant moi au bout de seulement deux morceaux... Ce genre d'anecdote.

Cette année les choses sont plus calmes. Il faut dire que l'on est au bout d'un week end de trois jours et que le public est plutôt fatigué... et vieux. En quête de ma bouteille d'eau, je croise des tas de papys buvant des canettes de 1664 en refaisant le concert. "Le vieux Pop il a encore la pêche.", "Moi j'aimerai bien pouvoir bouger comme lui à mon âge, c'est ma femme qui serait contente!". Un rot, on essuie la bière tombée sur son nouveau T-shirt Fun House et on continue la délibération. "Mais ils se foutent de la gueule du monde, 42€ pour 1h15 de concert, c'est quand même pas donné !".

C'est vrai. Mais quel concert !! Il faut se rendre compte de la violence dégagée à peine le groupe sur scène. Deux note jouées et on a déjà avancé de cinq mètres sur nos positions initiales. Les Stooges, se sont la violence sexuelle à l'état le plus brut. Une sorte de jouissance sado maso que personne n'arrive encore à égaler.

Les Stooges ont toujours été cela, depuis leur début, depuis l'époque où l'habit de scène de Ron Asheton était un uniforme SS. Ron Asheton si déconcertant. Il ressemble tellement à Michael Moore dans son habit militaire, un Michael Moore fixe, les deux jambes bien droites devant sont combo Marshall de deux mètres, un peu penché en avant, les yeux rivés de sa Fender taillée pour faire du Surf Rock. Mais le type envoie une de ces sauces... un truc à filer des hémorroïdes aux orteils. Il ne bouge plus mais à l'intérieur ce sont toutes ses cellules qui sautillent.

Puis Scott Asheton derrière ses fûts, lui aussi fait très papy, en plus il porte une casquette à l'envers. Rock Action comme l'appelait Iggy. Sa frappe restera le souffle du groupe, le swing certain. Il y avait cette histoire que racontait Philipe Manoeuvre durant la reformation du MC5 il y a deux ans. Nick Kent lui disait que si les gens aimaient le MC5, c'est parce que rythmiquement il avait gardé un Swing, que leur batterie n'était pas lourde, elle était tantrique. Je pense que l'on peut dire la même chose des Stooges.

Leur fluide sexuel s'explique à plusieurs niveaux. Les Stooges sont sexuels car ils sont sinueux comme un vieux barracuda dans le bayou glissant parmi la boue et les arbres arrachés. C'est le saxophone dégueulasse de Steve Mackay, la guitare distordue de Ron Asheton, puis la basse; surtout la basse du très bon remplaçant de Dave Alexander : Mike Watt. Mike Watt, le plus jeune des Stooges, dans tout les sens du terme.

Il est complètement hallucinant. Je n'ai jamais vu un homme jouer de la basse comme cela. Son doigté c'est sa paume. Il fout des baffes d'ours à ses cordes puis se recroqueville sur lui même, remonte la tête avec des rictus de plaisir et regarde le public comme un dément.

Et Iggy Pop dans tout ça? Il reste cette vielle pute sèche se déhanchant pour plaire encore et encore. Dire que dans le projet initial des Stooges il devait jouer de la guitare hawaienne... Alors le show est toujours le même : il baise les amplis, s'agrippe aux sonos suspendues (ce qui est très dangereux pour nous, personnes de la fosse) jette son pied de micro toutes les 30 secondes, se jette dans le public ou l'invite sur scène. Il agrippe, accroche, titube, trémousse. Vieux félin qui chie vert... Iggy Pop quoi.

Alors ils ont joué pratiquement tout leur répertoire, même "Little Doll", celle que l'on ne peut oublier et qui a fumé toute les cigarettes. Puis un truc marrant, depuis la pub SFR , tout le monde attend "I Wanna Be Your Dog" impatiemment. La Set List : pratiquement tout Fun House , puis les incontournables du premier album, et les trois nouveaux morceaux qui étaient sur Skull Ring. Et comme d'habitude, le point culminant a été "Dirt", ce Dirt où il se passe un truc si bizarre à chaque fois qu'il est joué sur scène. L'atmosphère devient trop épaisse, le noir de la salle est insupportable, le coeur saute au rythme de la basse SG Gibson. Fucking All Right.

Et moi avec ma bouteille d'eau, je chante encore "Down on The Street" avec un mal de crâne qui m'aura valu une belle frayeur (je contractais touts les symptômes de la méningite). Et les vendeurs d'affiche qui gueulaient : "Poster du concert, 3€ ! ". Les mêmes qu'il y a deux ans, ceux avec la Star Académie au dos de l'affiche, ceux qui sont vendus 1€ devant la bouche de métro.

Et puis toutes ces personne au anges, mon eau glacée, l'allée interminable du Zénith, la petite pluie qui tombait, Iggy Pop sautant partout comme un ballerine blessée, le punk que je bouscule, le sosie de l'iguane période Lust For Life ...

Le concert est fini, il a duré un peu plus d'une heure, une heure et quart en fait. J'ai l'impression de mettre pris un rouleau compresseur sur le coin de la tronche, mon billet est détrempé de sueur de fesse, je suis courbé en deux à essayer d'allumer mon Zippo avec tout ce vent, puis "No Fun My Babe/ No Fun".

Pas marrant d'être tout seul, ça c'est sûr.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

The Stooges en concert au Zénith (8 juillet 2004)
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En savoir plus :

Le site officiel d'Iggy Pop


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