Pièce de Neil Labute traduit par Mila Michael, Eliot Vincent mise en scène par Lucas Olmedo avec Marie-Mathis Aubert, Louis Haffreingue, Mila Michael, Eliot Vincent

Excellente idée qu'ont eu Mila Michael et Eliot Vincent de traduire la pièce de Neil LaBute "The shape of things" qui traite de l'art contemporain.

Publiée en 2002, elle appartient à la période où LaBute, à la fois auteur de films et dramaturge, a suscité le plus d'intérêt en France, la critique voyant tour à tour en lui un futur Woody Allen ou un futur David Mamet.

Comme "The Shape of Things" a été adaptée par son auteur au cinéma, sous le même titre en anglais et sous celui de "Fausses apparences" en français, on comprend pourquoi personne n'a songé à la traduire et à la monter sur scène à cette époque.

Et c'est bien dommage car elle vaut largement "Art" sur la question posée sur l'intérêt de ces nouvelles façons d'aborder l'art à l''âge où s'estompe le geste pictural au profit des installations et des happenings.

Dans "La forme des choses", la rencontre choc entre Adam (Eliot Vincent) ,un gardien de musée genre étudiant attardé binoclard, et Evelyne (Mila Michael), une étudiante beauzardeuse à pointe d'accent argentin, genre obsédée par son "projet arty à mener coûte que coûte" et toujours partante pour agir contre toute censure, sera propice à de grands changements dans la vie de l'un et de l'autre et aussi dans l'existence d'un couple d'amis d'Adam, composé de Philippe le beau gosse réac (Louis Haffreingue) et de Jeanne (Marie Mathis Aubert), la danseuse amoureuse.

Rythmée, composée de scènes toujours très percutantes où rien n'est inutile pour l'action, avec en prime une fin, pour ceux qui ne l''auraient pas vu venir, qui fera figure de "coup de théâtre", "La Forme des Choses" est une parfaite pièce anglo-saxonne, c'est-à-dire que son sujet est secondaire à sa fonction essentielle : divertir son public. Et force est de constater qu'elle y réussit pleinement. D'autant plus que l'adaptation française d'Eliot Vincent et Mila Michael ne paraît pas du tout plaquée dessus.

Les acteurs, tous excellents et tous impliqués à fond dans le projet, y sont déjà à l'aise, déplaçant les éléments du décor astucieux d'Arnaud Grimbert comme si la pièce se jouait depuis quelques mois. Le travail limpide de Lucas Olmedo n'y est pas non plus pour rien et l'on ne peut que le féliciter d'une mise en scène qui fait fi des obstacles liés à un lieu particulier et qu'il pourrait pourtant reproduire presque à l'identique dans un plus grand théâtre.

On lui souhaite ce grand malheur et l'on prédit que cette proposition plaisante et pleine de qualités n'en est qu'au début d'une aventure qui devrait être bien plus longue que prévue.