Il est des livres qui, malgré les années qui passent, ne prennent pas la moindre ride. C’est le cas de cette petite pépite que les éditions Sonatine ont eu la bonne idée de nous publier, un certain One lovers left alive de Dave Wallis. Dave Wallis est un auteur anglais décédé en 1990, issu d’une famille bohème, qui a participé à la Seconde Guerre mondiale, est devenu écrivain ensuite avant de finir enseignant.
L’ouvrage que nous proposent les éditions Sonatine date de 1964, c’est le troisième roman de cet auteur. Interdit en Irlande pour nihilisme après sa publication, le roman se retrouve encensé par les plus grandes figures de la pop culture de l’époque, de Jim Morrison à Jim Jarmush. Il aurait du être la première aventure cinématographique des Rolling Stones qui en avaient confié l’adaptation à Nicolas Ray.
L’histoire se déroule en Angleterre dans les années 60. Sans doute désespérés par l’état du monde, les adultes sont touchés par une vague de dépressions. Les suicides se multiplient. Peu à peu livrés à eux-mêmes, les adolescents sont maintenant libres de faire ce qui leur plaît. Kathy, Ernie et leur bande essaient de survivre dans ce monde de plus en plus désolé où la violence s’est installée. Bientôt, ils décident de quitter cette jungle urbaine pour gagner le nord de pays.
Le lecteur va suivre au fil des pages un gang luttant pour sa survie, naviguant dans un monde tombé en ruine où les ressources essentielles sont tombées en pénurie. Une adaptation de leur mode de vie s’impose alors à eux, ils doivent penser une nouvelle façon de vivre notamment au travers de leur déplacement vers le nord, abandonnant la société de consommation pour une vie davantage primitive.
On est donc dans un roman de survie, une dystopie intelligente qui fait réfléchir le lecteur sur de nombreux thèmes, sur notre rapport à la violence, sur les mentalités des années 60, sur les rapports entre les hommes et les femmes, sur la perte de repères essentiels dans nos sociétés.
C’est vraiment un livre très agréable à lire, une lecture rythmée par le devenir de ce groupe d’ados, autour de dialogues remplis de vitalité. Terrifiant parfois, pouvant choquer aussi le lecteur, on sort de cette lecture assez chamboulé par le portrait de la jeunesse qu’il nous décrit avec des mots justes pour que le lecteur appréhende le mieux possible les dangers qu’elle va devoir affronter. |