Diane Oliver
(Editions Buchet Chastel) septembre 2024
Quelle drôle d’idée de la part des éditions Buchet Chastel que de nous proposer la publication d’un recueil de nouvelles écrit il y a plus de soixante ans ! On a tendance à dire que les bons écrits ne vieillissent pas, qu’ils sont toujours pertinents et modernes. C’est évidemment le cas avec cet ouvrage de Diane Oliver, une écrivaine noire américaine, qui a grandi en Caroline du Nord.
Après avoir fréquenté des écoles ségréguées, elle est sortie diplômée de West Charlotte High School en 1960. Décédée accidentellement à l’âge de 22 ans, elle a publié quatre nouvelles de son vivant et deux sont sorties après sa mort.
Les voisins et les autres nouvelles de ce recueil que nous proposent les éditions Buchet Chastel révèlent toute l’étendue du talent de Diane Oliver, âgée d’une vingtaine d’années au moment de l’écriture. Elles représentent une description puissante et surprenant d’acuité de l’Amérique des lois Jim Crow. Les lois Jim Crow datant de 1871 furent des lois nationales et locales issues des Black codes imposant la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
Dans ses différents textes, tous emplis d’une tension qui rappelle aussi bien Hitchcock que Shirley Jackson, elle montre tout au lecteur sans rien énoncer ou commenter. On suit ces vies qui se répondent en retenant son souffle, depuis Tommy, le petit garçon envoyé dans une école blanche sous les menaces, à la jeune Helen qui participe à un sit-in dans un café interdit aux Noirs.
L’ouvrage permet au lecteur d’appréhender une époque, pas glorieuse je vous le concède, nous montrant la vie quotidienne de ces populations touchées par la ségrégation. Une ségrégation que l’auteure nous décrit, dénué de tout militantisme de sa part.
Evidemment, et c’est souvent le cas pour les recueils de nouvelles, on constatera aisément que ces nouvelles ne sont pas toutes de même qualité. Certaines sont plus prenantes, dégageant davantage d’émotions que d’autres. Elles portent un regard différent sur la condition des populations noires, certaines sous le prisme de l’émotion quand d’autres se tournent vers un prisme plus décalé, avec beaucoup d’humour parfois.
Alors voilà, moi qui ne suis pas un grand amateur de nouvelles, j’ai pris plaisir à découvrir cet ouvrage et cette auteure que je ne connaissais pas. En lisant ce livre, on ne peut qu’être persuadé que la bonne littérature est immortelle.
Jean-Louis Zuccolini
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