Spectacle autour de textes de Luigi Pirandello mis en scène par Valérie Aubert avec Cédric Altadill, Valérie Aubert, Samir Siad.
Prix Nobel 1934, Luigi Pirandello, poète, romancier, auteur de nouvelles et dramaturge, est passé à la postérité essentiellement pour ces pièces "Six personnages en quête d'auteur", "Ce soir, on improvise", "Comme tu me veux".
Le "Théâtre en partance", fondé par Valérie Aubert et Samir Siad, a pris le parti de faire redécouvrir des pans entiers du théâtre contemporain, que ce soit sous forme de lectures théâtralisées ou de spectacles à part entière consacrés à de grands écrivains.
Valérie Aubert et Samir Siad, désormais en compagnie de Cédric Altadill, ont décidé d'explorer le théâtre de Pirandello en interprétant quatre courtes pièces. On aura dans leur intégralité "Circulez" et "La Fleur à la bouche" et des extraits de "Cecé" et de "La vie que je t'ai donnée".
La première impression, c'est qu'on sent une même patte dans ces quatre textes. On pourrait presque croire qu'ils s'enchaînent. On sera tout de suite emporté en quelques répliques par des personnages qui ne sont pas des figurants. Chacun, qu'il s'agisse, par exemple, d'une marchande ambulante, d'un prêtre, d'une mère affligée par la perte de son enfant, prend en quelques secondes de la densité et de la consistance. Le travail sur le texte, un texte à la fois simple dans ses mots et complexe dans ce que Pirandello leur fait dire, donne à ces "Variations pirandelliennes" autre chose voir et à comprendre qu'une succession de quatre courtes pièces.
Certains pourront trouver datés les thèmes envisagés qui ont tous en commun une Sicile encore très traditionnelle. Mais ils devront reconnaître que Pirandello sait toujours éviter la grandiloquence mélodramatique.
Certes, le climat est généralement lourd, les scènes se déroulant dans la pénombre bien suggérée par les lumières diffuses d'Alireza Kishipour. Mais il ne s'agit pas d'aboutir à une ambiance expressionniste. Les âmes vont se dévoiler, sans qu'il y ait besoin qu'elles soient au paroxysme de l'horreur ou de la terreur.
On ne dépasse jamais le domaine de l'introspection. Pirandello fait confiance dans l'intelligence du spectateur et lui-même lui fournit tout le combustible nécessaire à l'alimenter. On reste constamment dans le monde des idées, mais paradoxalement sans que cela confine à l'intellectualisme. Au contraire, et c'est peut-être pour ça qu'on a parlé de "pirandellisme", le résultat est à la fois distrayant et propice à la réflexion sur le réel et sa ou ses représentations.
A la vue de ces "Variations pirandelliennes" mises en scène par Valérie Aubert, on n'aura pas perdu son temps. Au contraire, on aura découvert ce que pourrait être le théâtre quand il est fabriqué par des gens soucieux d'en faire partager la connaissance et l'amour. |