Au fond, Cindy Lauper n'avait qu'à moitié raison lorsqu'elle chantait "Girls just wanna have fun". Certes elles sont là pour s'amuser (oui, je traduis pour ceux qui n'en ont pas foutu la ramée en anglais en troisième ou au lycée…), mais ce soir au Nouveau Casino, c'est plutôt "(Riot) Grrrls just wanna play some grunge !!!".
Le trio Sleater Kinney n'est pas à proprement parler en concert promotionnel ce soir, mais cela fait toujours plaisir d'entendre et de voir les trois louloutes distiller leur rock énergique teinté de relents de grunge et de rock noisy alambiqué…
Corin Tucker se rappelle d'ailleurs très bien de son dernier concert parisien : "C'était sur un bateau et j'avais un peu le mal de mer".
Le retour à la terre ferme leur a visiblement fait du bien, car ce soir, les filles exécutent un petit "best of" de leurs albums parus dans la deuxième moitié des années 90.
Sur scène, les morceaux sont secs, tendus et puissants à souhait.
Corin Tucker et Carrie Browstein se relaient ou s'épaulent au chant derrière les accords puissants de leurs guitares barytones qui donnent au groupe ce son si singulier.
Cette prestation démontre que le rock de filles a encore beaucoup de choses à dire et qu'il sait encore frapper là où ça fait mal…
Les Sleater Kinney auraient plus d'une leçon à donner aux pseudo punks à mèche qui s'effarouchent au premier pogo. Janet Weiss est imperturbable derrière ses fûts et bastonne à tout va. C'est tendu, varié et précis (pourrait-elle se dévouer pour apprendre à Meg White comment jouer de la batterie ?).
Pour couronner le tout, les trois américaines reviendront pour deux rappels, et se plieront au vœu du public qui tient absolument à entendre un "End Of You" nerveux et félin à la fois…
Malgré ses douze années d'existence , Sleater Kinney reste une porte drapeau du rock féminin et nous rappelle la bonne vielle époque où Hole, Babes In Toyland et consœurs braillaient leur haine du beauf macho sur fond de guitares furibardes.
Certes, ici le discours est plus subtil, même si le fiel de la déception amoureuse est palpable, mais d'un point de vue musical, la filiation est évidente.
Riot Grrls are not Dead… |