Ces dernières années, Art Rock a pris la ravissante habitude de laisser une journée entière sous la responsabilité d'un artiste.
Il y a deux ans le public put ainsi voir Miossec inviter Daniel Darc et tous ses amis tandis que l'an dernier, Olivier Assayas mitonnait une soirée magique entre films underground et symphonies bruitistes. Cette année ce n'est plus un artiste mais un label entier qui est invité par les programmateurs pour faire.. ce qu'il veut !
Et le label est de choix puisque ce n'est pas moins que Tôt ou Tard qui s'y colle, avec tous les artistes de choix que ce label pas comme les autres peut compter dans ses rangs.
Après la toute première du spectacle pour enfants de Toto ou Tartare interpreté par Dick Annegarn, Francoiz Breut ou encore Da Silva et les Bombes 2 Bal, il est l'heure de se presser dans le grand théâtre pour un concert complet depuis quelques temps.
Avec son humour décalé tout particulier, Vincent Delerm arrive sur la scène du grand théâtre coiffé d'un chapeau pointu et couvert de confettis. Il ne manque que la langue de belle-mère pour évoquer l'anniversaire de son label.
Entre deux anecdotes croustillantes, il parcoure les celèbres livres de chants Je Chante les Tubes tout en jouant, fort heureusement, des titres de ses collègues de catalogue.
Rien à redire sur la prestation, c'est de l'excellent Delerm, sérieux et drôle, pince-sans-rire génial !
Pendant ce temps au Magic Mirrors la foule se presse devant une salle qui affiche elle aussi déjà complet pour voir les "White Stripes des baloches" comme se présentent Jeanne Cherhal et JP Nataf alias les Redlegs. Elle en bas rouges armée de sa basse, lui portant jolie barbe et pantalon bordeaux à la guitare.
La première chanson est irrésistible : en guise de line-check, ils interpretent leur version de Poupée de Cire, poupée de son en la ponctuant de pauses et d'ajustements techniques.
La suite est toute aussi réussie, ce jukebox vivant propose une version spectaculaire du Babouchka de Kate Bush avant un Sous les jupes des filles tout aussi charmant. Les deux voix se conjuguent merveilleusement pour de véritables relectures de tous ces titres.
Un vrai régal pour les chanceux qui ont pu rentrer dans cette étuve musicale.
Agnès Jaoui écrit, réalise et désormais chante des chansons d'amour tristes comme elle le rappelle au bout de trois morceaux, prodiguant ses commentaires sur les paroles avec l'humour pince-sans-rire qui fait tout son charme.
Sous les guitares de ses musiciens, elle joue, sourit, pleure et offre sa superbe voix à la salle sous le charme. Encore une actrice chanteuse, soit, mais surtout un nouveau talent exceptionnel dans un style tout particulier qui lui va à ravir.
Classes, les belges de Venus. Rare groupe étranger à faire partie de l'écurie Tôt ou Tard, ils ouvrent la scène Poulain Corbion avec leur pop élegante, racée, épurée, faite de guitares et de violons. Une musique presque acoustique qui ne s'en laisse pas compter et n'hésite pas à pousser dans le rock.
En début de l'année dernière, Da Silva avait été une révélation du festival Mythos à Rennes. Sur la petite scène d'un cabaret, il avait ému, il était ému et il remerciait autant le public que le public le remerciait.
Un an et demi plus tard, Manu Da Silva est une tête d'affiche au festival Art Rock et le concert est sacrément plus remuant. Difficile de ne pas évoquer Louise Attaque pour la puissance musicale ou Miossec pour la voix, le phrasé particulier .
Da Silva fait chanter le public et accueille sur le plateau la délicieuse Françoiz Breut pour un duo sur sa chanson Décembre en été. L'ex-punk n'a pas perdu son énergie, il s'est juste découvert des talents de poète.
L'univers de Thomas Fersen est unique. A l'image de son dernier album, Le Pavillon des Fous.
Entrant sur scène en chapeau rond, vêtements noir et blanc, l'artiste prolonge l'allusion à l'orange m écanique de la pochette de son dernier disque et délivre un set plus énergique qu'on ne pourrait le croire en ne connaissant pas le personnage. Guitare en main, il raconte ses petites histoires, parle de Hyacinthe, de sa chienne Zaza et fait rentrer sans effort les milliers de spectateurs dans son monde.
Ils font la clôture de la grande scène et sans nulle doute les plus attendus de la soirée, les Têtes Raides démarrent en force avec un Christian Olivier au sommet de sa forme.
Guitares déchirées, cuivres imposants sur des rythmiques implacables, les 7 musiciens soutiennent magistralement les oeuvres du chanteur. Exit le festif, les Têtes Raides sont fragiles mais elles n'ont jamais été aussi rock'n'roll.
Avant de quitter cette superbe édition du festival, encensée par son programmateur, aux anges, lors de sa conférence de presse, un petit détour vers le forum pour assister à la communion entre le public et Peter Von Poehl.
Difficile de l'imaginer dans l'AS Dragon de Burgalat tant le personnage semble doux, calme, distillant de magnifiques mélodies pour accompagner sa voix cristalline. A peine demande-t-il au public de l'aider que tout le forum, dont un Delerm tout sourire dans le public, reprend sa chanson en esperant que cette communion dure longtemps ...
En attendant Art Rock 2007 ...
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