Réalisé par Arunas Zebriunas. Drame. 1h06. Sortie le 25 décembre 2024. Avec Darius Bratkauskas, Gediminas Girdvainis, Doloresa Kazragyté, Daiva Daujotyté.

Quelle belle coïncidence ! Domas le rêveur fera sa grande sortie cinématographique en France, plus de cinquante ans après son tournage en Lituanie, le jour de Noël. Ce serait bien d'emmener des enfants le voir ce jour-là... Un beau cadeau de Noël que ce film d'à peine une heure qui renvoie aux temps où la Lituanie était soviétique. Certainement qu'il faut faire la fine bouche devant ces temps pré-poutiniens mais il ne faut pas se priver du plaisir de voir les beaux films d'Arunas Zebriunas.

"Qui ça ?" diront peut-être ceux qui n'ont pas vu les deux précédents films sortis par le distributeur ED, qui n'envahit pas pour rien quelques écrans trois ou quatre fois par an. Cette année, grâce à Manuel Attali, une des chevilles ouvrières de ED, les curieux auront ainsi pu voir Le Léopard des neiges, le dernier film du grand réalisateur tibétain, Pema Tseden, hélas mort en 2023. Un chef d'œuvre comme ses précédents longs-métrages qu'avaient déjà distribué ED.

Pareillement, au rythme des restaurations lituaniennes, la filmographie d'Arunas Zebriunas s'ouvre aux petits cinéphiles français. Après La Jeune fille à l'écho (1964) et La Belle (1969), c'est au tour de Domas le rêveur de venir faire des bêtises sur les écrans parisiens.

Trois films, cela fait un bel échantillon pour affirmer que ce cinéaste, mort à 82 ans en 2013, a bien eu raison de consacrer l'essentiel de sa carrière derrière une caméra pour donner aux enfants des petits bijoux de poésie et d'humour.

Ici, on va suivre un petit garçon, Domas, pas très heureux à l'école, et qualifié de "rêveur" ou de dormeur par tous ces petits camarades. Tout commence par un plan d'un planeur orange dans un ciel bleu. Mal conseillé par un petit chenapan, qui ne va pas cesser de le harceler sans qu'il perde sa bonne humeur, Domas lâche les rênes de son avion... qui finit dans un étang. Facilement sujet à l'ensommeillement, Domas perd le fil du récit : ce général au beau cheval blanc qu'il a vu au moment où il a récupéré son beau jouet cassé, l'a-t-il ou pas rêvé ?

Patience ! Une petite heure suffira pour que tout s'arrange.... Une heure où l'on découvrira une grand-mère très chic dans sa grande maison et le papa de Domas, ingénieur-clarinettiste, lui aussi coutumier des dodos en apnées, personnages qu'on verrait bien dans la Géorgie d'Otar Iosseliani, lui aussi à son meilleur dans sa période de rêveur soviétique. Tout ça causant de la peine à la maman de Domas obligée de grogner contre ses deux hommes pas très homo soviéticus. Il lui sera pardonner autant qu'à Arunas Zebriunas de ne pas lui avoir donné le beau rôle qu'elle méritait.

Malgré leurs noms baltes compliqués, Domas et les enfants de sa classe devraient être tous cités : ils jouent et s'amusent avec un grand naturel.

Trouverait-on les mêmes qualités chez les enfants des films français pour enfants ? Désolé d'enfoncer le clou : ni les petits Gibus des Guerres des Boutons, ni les enfants tristement sages de L'Argent de Poche de Truffaut ne supportent la comparaison.

Seul quelqu'un qui aime faire tourner des enfants ou ados, à l'image de Thomas Bardinet dans La Sorcière et le Martien pourrait se revendiquer de Zebriunas.

Ah ! Une dernière précision : les adultes n'ont rien à craindre. Domas le rêveur ne les plongera pas dans un sommeil profond. Au contraire, ils prendront du plaisir à s'identifier à ses enfants lituaniens pleins d'allant et espéreront ne pas attendre trop longtemps la prochaine restauration d'un film d'Arunas Zebriunas...