Les amoureux et les passionnés le nieraient, dans le meilleur des cas l'avoueraient du bout des lèvres, le diraient sous couvert d'anonymat, mais la pochette d'album joue un rôle primordial depuis la nuit des temps, c'est-à-dire 60 ans, dans le choix et l'amour de tel ou tel album.
Les univers parallèles, loin du sol, s'avèrent riches et variés, et le visuel joue à tort ou à raison dans l'affection du Velvet, par exemple.
Prenons l'exemple de Midlake et de la cover de The trials of Van Occupanther, deuxième album conçu comme un sursaut au réveil. Surréelle cette pochette. Surréelle de voir un homme en jaune déguisé en Teletubbies regarder un homme au masque de loup en carton pâte. Le tout dans la forêt et sa faune mystérieuse. De quoi intriguer le badaud, le forcer à rentrer dans la boutique et voir, voir ce qui s'y cache derrière la devanture.
De bien belles choses en fait, une fois passée la porte. Ecouter The trials of Van Occupanter, c'est en quelque sorte replonger dans la cocaïne farineuse des 70' , son folk aérien et ses guitares pré-Spinal Tap, un grand mélange d'influences sur les étagères distillé par le combo texan de Midlake, une jeune formation qui en a des bibelots à vendre. Une litho de Neil Young bronzé par le soleil californien, tout en goguette et sandalette 70' ("Head Home" ), une bouteille pleine du sable fin du rock de Palm Beach écrite à la main par Crosby Stills & Nash (le sublime titre d'ouverture "Roscoe" ) et le meilleur d'une décennie, les années 70, remis au goût du jour grâce à l'insouciance des américains.
Quitte à replonger dans la cuvée folk 60' avec "Bandits", sous hautes influences Nicky Hopkins, feu pianiste des Stones. Science des harmonies maritimes et des violons qui surfent, The trials of Van Occupanther cache sous son nom alambiqué la facilité des arrangements complexes, ceux qui font du bien par où ils passent.
Voire la beauté sombre des soirées qui finissent mal, la tête au fond du jet 27 las de regarder l'océan flotter ("Branches" , dans la pure veine Beach Boys de Surf's up ). Une manière de regarder le monde par la bonne serrure, avec optimisme et fatalité.
Hormis les quelques lenteurs d'usage lorsqu'on parle de rock 70' (Le mou du genou "In this Camp"), Midlake parvient à s'inspirer du maître loner Neil Young sans copier sur son voisin.
Cet album ne sauvera pas la face du monde, n'endiguera pas la hausse du pétrole à la pompe et l'accès au pouvoir de Sarkozy. The trials of Van Occupanter permet simplement l'espace d'un instant de regarder le soleil sans se brûler les yeux, et sortir du quotidien par un rayon de soleil faits de chœurs et d'harmonies.
Un bon début pour survivre.
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