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Interview  (Paris)  2 juin 2006

Au Théâtre Mouffetard se joue actuellement "Un tramway nommé désir" de Tennesse Williams. Ce chef d'œuvre du théâtre réaliste américain des années 50, devenu mythique par l'adaptation fameuse d'Elia Kazan avec les devenus légendaires Vivien Leigh et Marlon Brando, est mis en scène Elsa Royer.

Auteur, comédienne et metteur en scène, Elsa Royer est une jeune femme blonde aux yeux bleus, à l'apparence extrêmement juvénile, à la voix douce, passionnée et volubile qui fait penser à l'héroïne de Lewis Carroll dont elle a d'ailleurs interprété le rôle.

Mais qu'on ne s'y trompe pas ! Elle sait ce qu'elle veut, et ce qu'elle ne veut pas, fait preuve d'une belle détermination et nourrit plein de projets.

Ce fût un plaisir de s'entretenir avec elle.

Quelles sont les raisons qui ont motivé le choix de "Un tramway nommé désir" de Tennesse Williams ?

Elsa Royer : Le choix de cette pièce a des origines très anciennes puisque la première fois que je l'ai lue j'avais 13 ans. Et donc, quand très jeune, j'ai lu cette pièce j'ai été totalement fascinée par le personnage de Blanche Du Bois qui, pour moi, faisait écho à la pré-adolescente que j'étais. C'est-à-dire que je me retrouvais dans son sentiment d'exclusion, dans son imaginaire très développé et dans cette impression d'être comme un chien au milieu d'un jeu de quilles. Et c'était totalement le sentiment que j'éprouvais pendant mon adolescence.

Cette pièce m'a profondément marquée. Au point que, à l'époque, sans savoir que j'allais faire du théâtre je me suis mise à dessiner les décors de cette pièce, à créer tout une littérature autour, à en apprendre des passages entiers. Et quand j'ai commencé à faire du théâtre vers 20 ans j'ai toujours pensé que cette pièce était fondatrice dans mon histoire personnelle et je me suis dit qu'un jour je monterai cette pièce. Pas dans l'immédiat car c'était un gros morceau mais quand je m'en sentirai le courage et les épaules.

Il y a 2 ans, je me suis lancée. C'était ma sixième mise en scène et j'y suis allé. Tout cela remonte donc très loin et d'ailleurs dans la pièce, on entend un enfant qui chante. C'est moi quand j'étais enfant et je m'étais enregistrée à l'époque. J'étais également à cette époque fascinée par les stars hollywoodiennes. Les murs de ma chambre du sol au plafond étaient entièrement tapissés, non pas de posters de chanteurs à la mode mais de photos d'Ingrid Bergman, de Rita Hayworth, de Lana Turner.

J'inventais des chansons sur elles que je chantais et enregistrais sur les petits magnétophones à bandes de l'époque que j'ai gardées. Et quand j'ai pensé à cette pièce, ces chansons avaient bien pour thèmes les stars hollywoodiennes. Je les ai fait réenregistrer en studio avec un compositeur.

13 ans est un âge relativement précoce pour lire du théâtre, mis à part le théâtre étudié en classe, et surtout Tennesse Williams.

Elsa Royer : A 13 ans j'étais très littéraire et j'écrivais des romans. J'en ai écrit 24 dont 4-5 à cet âge. Je baignais complètement dans la littérature. J 'avais entendu parler de "Un tramway nommé désir" et c'est le titre qui m'attirait. Mais je ne savais même pas s'il s'agissait d'un roman ou d'une pièce de théâtre. Je l'ai su lorsque je l'ai commandé dans une librairie.

Je savais qu'il existait un film portant ce titre dans lequel jouait Vivien Leigh que j'avais adorée dans "Autant en emporte le ventp" car je regardais bien évidemment tous les films hollywoodiens qui passait au "Cinéma de minuit" et autres à la télévision. A la suite, j'ai écrit des lettres sans destinataire en me prenant pour Blanche Du Bois, et cela pendant 3 ans, dans lesquelles je narrais tout ce qui se passait en moi en tant que Blanche Du Bois.

Ce qui révèle à la fois une identification au personnage et une appropriation de son univers.

Elsa Royer : Tout à fait. Ce qui explique également la raison pour laquelle j'ai abordé la mise en scène de cette pièce du point de vue de ce personnage contrairement au film qui est plus axé sur le personnage de Stanley. Je me suis attachée à Blanche parce que cela m'était familier. Il y avait une vraie histoire derrière.

Vous disiez qu'à 13 ans vous ne songiez pas au théâtre. Quand est née l'envie d'être comédienne ?

Elsa Royer : J'avais envie d'être comédienne mais de manière un peu plus diffuse que cela. Je voulais être comme les stars hollywoodiennes. Folle d'Ingrid Bergman, je voulais faire le même métier qu'elle. Etre une star hollywoodienne n'est plus très réaliste aujourd'hui et donc j'ai d'abord commencé à 15 ans à prendre des cours de théâtre.

Au départ, vous étiez comédienne. Et la mise en scène s'est avéré un complément indispensable ?

Elsa Royer : Cela est venu tout naturellement en même temps. Et puis très jeune, je montais aussi des pièces de théâtre avec mes amis et c'était toujours moi qui dirigeait. Quand j'ai commencé le métier de comédienne, la même année j'ai fait ma première mise en scène.

Aimant la direction d'acteur, cela ne vous pose pas de problèmes quand vous êtes comédienne ?

Elsa Royer : Pour moi, cela est même plus simple car je connais les deux métiers. Quand je suis comédienne, je reste très vigilante pour être extrêmement souple car je connais les difficultés auxquelles sont confrontés les metteurs en scène. Je ne vais donc pas y ajouter des complications.

A ce moment-là, je suis comédienne et je le reste. Et quand je suis à la mise en scène, je comprends les angoisses et les doutes du comédien et j'essaie d'être à leur écoute. Cela m'aide. Cela étant, je ne mélangerai jamais les deux en jouant dans une pièce que je mets en scène.

Vous anticipez ma question.

Elsa Royer : Je souhaite garder entier le plaisir que me procure chacun de ces métiers. Le mélange ne me paraît pas souhaitable car c'est gâcher un plaisir.

N'est-il pas difficile quand on est un jeune metteur en scène de monter un spectacle tel que celui-ci ?

Elsa Royer : Le projet a pris du temps pour se mettre en place parce qu'il y a notamment des problèmes de droits, les droits des pièces de Tennesse Williams ne sont pas accordés à la légère, et les difficultés liées au démarchage des théâtres. Mais dès le départ j'ai pris soin d'avoir une idée très précise de ce que je voulais comme univers et mise en scène pour proposer non pas seulement l'idée de monter "Un tramway nommé désir". Car personne sur ma seule bonne figure ne m'aurait fait confiance.

J'ai donc élaboré un dossier artistique extrêmement structuré. Quelques théâtres m'ont fait confiance ce qui m'a permis de présenter le spectacle à Orléans où des gens du Théâtre Mouffetard l'ont vu. De plus, mon but n'était pas de faire une énième représentation de "Un tramway nommé désir" parce que de toute façon je n'avais pas de moyens donc je ne pouvais pas faire une reconstitution de la Nouvelle Orléans. De toute façon, là n'était pas mon propos ni mon style de théâtre.

Vous ne faites pas du théâtre historique ou réaliste ?

Elsa Royer : Non pas du tout. D'autres le font très bien mais pour moi ce n'est pas mon idée du théâtre. Il fallait donc proposer quelque chose de suffisamment fort pour que les personnes qui liraient mon projet se disent : "Tiens cela peut être intéressant de le voir monter ainsi".

Donc c'est difficile et long, encore plus aujourd'hui qu'avant en raison des impératifs financiers. Je pense qu'il y a une vingtaine d'années quand on avait fait 3-4 mises en scène et fait ses preuves on pouvait disposer de plus de moyens. Ce n'est plus le cas et il faut donc beaucoup de ténacité pour défendre son projet.

Compte tenu du background de ce projet, aviez-vous également des idées précises pour la distribution ?

Elsa Royer : Oui, pour Blanche. Ce qui était important. J'avais déjà dirigé Gaëlle Billot-Danno qui jouait un vampire dans une de mes précédentes créations. La connaissant un peu, ce choix s'imposait. Elle ressemble un peu à Blanche avec son univers dans la vie. Quand on a déjà choisi le comédien qui tient le rôle principal, c'est plus simple.

La distribution s'est ensuite organisée autour d'elle avec des comédiens que je ne connaissais pas forcément. Je voulais un Stanley qui ne ressemble pas à Marlon Brando pour éviter toute comparaison. Et puis je voulais un homme qui ressemble physiquement davantage à Blanche. Comme Gaëlle est brune, je voulais un brun pour qu'ils forment un couple visuel. Les deux autres personnages sont différents.

Vous n'êtes pas attirée par le théâtre historique mais "Un tramway nommé désir" est une pièce datée. En quoi une transposition aujourd'hui revêt-elle une actualité et une réalité ?

Elsa Royer : Tout simplement au fait que cette pièce m'ait autant marquée en 1989. Le thème de la pièce qu'est l'incompréhension est un thème universel et intemporel que chacun rencontre et vit à un moment de sa vie. Comme je l'avais ressenti, je pense, et je ne crois pas me tromper par rapport à ce que j'entends, que d'autres le ressentent. La seule chose qui est datée dans le spectacle, puisqu'il n'y a pas de reconstitution de décors ou de costumes, c'est le côté hollywoodien auquel je suis sensible et parce que l'imaginaire de Blanche est lié aux stars d'Hollywood. On pourrait le relier à un autre imaginaire, à une autre fuite.

Ce choix est lié à mon histoire personnelle d'où les trois portraits de stars qui figurent au début de la pièce, en forme de petit clin d'œil, et dont le choix ne résulte pas du hasard. Il s'agit de trois stars hollywoodiennes qui ont sombré dans la folie : Rita Hayworth atteinte de la maladie d'Alzheimer, Gene Tierney qui a été internée et Frances Farmer, moins connue, qui a été internée à la demande de sa mère et qui a été lobotomisée. Il y a eu un film avec Jessica Lange "Frances" qui raconte son histoire très dérangeante de femme très libre et très moderne dans les années 30.

Avez-vous rencontré des difficultés en terme de travail et le résultat sur scène répond-il aux attentes de la petite fille que vous étiez ?

Elsa Royer : Le plus difficile a été de s'en tenir à la vision centrale que j'avais prévue, c'est-à-dire l'histoire vue à travers Blanche, sans tomber dans le formel en faisant jouer les autres personnages comme des pantins, ce qui aurait abouti à un théâtre difficilement accessible qui n'aurait pas plu au public. Je ne tiens pas à faire des choses complètement hermétiques.

Je voulais trouver le juste milieu pour rendre compte de son regard avec ce flouté du décor, qui fait qu'elle est parfois séparée de la personne avec laquelle elle converse pour signifier que leurs mondes ne coïncident pas, et surtout trouver la manière de le faire au théâtre quand on n'a pas, contrairement au cinéma, la possibilité de se fixer sur une seule personne. Ce travail a nécessité un an de réflexion.

Mais la complexité participe à l'intérêt du travail. C'est une gageure. Au départ, j'en avais une idée un peu romanesque et au final cela me semble assez proche de ce que j'imaginais.

Parfois quand j'arrive à prendre du recul, et cela est un peu difficile quand on est metteur en scène et qu'on a vu la pièce de très nombreuses fois, et que je me demande quel aurait été mon sentiment si j'avais vu cette pièce à 13 ans, je me dis que j'aurais compris ce que ce j'ai fait. C'est ce qui me paraît le plus important. Je me serais comprise moi-même ! Et c'est bon signe parce que si c'est compréhensible par la petite fille que j'étais peut être cela se touchera-t-il d'autres personnes qui ont un autre vécu.

Il y a le plaisir d'avoir concrétisé un souhait d'enfant puis d'adulte mais peut être aussi un peu de tristesse comme dans toute réalisation d'un projet.

Elsa Royer : Oui et c'est la raison pour laquelle je souhaite m'investir très vite sur un autre projet parce que, depuis ma toute première mise en scène qui était "Alice au pays des merveilles", tout se rapporte à quelque chose de mon enfance, de mon adolescence, de ma vie. Il y a une cohérence interne à mon travail et sans vouloir faire de la psychanalyse il y a sans doute quelque chose d'irrésolu pour moi. Cette pièce est une pierre ajoutée à l'édifice et j'espère poursuivre dans la continuité parce que si je m'arrêtais et changeais pour un univers totalement étranger qui ne résoudrait rien, j'éprouverai sans doute des difficultés et de la nostalgie pour mon travail passé.

Je ne veux pas en arriver là. Même quand je fais des commandes de mise ne scène je tire vers des choses personnelles, ce qui me semble logique mais tout le monde ne le fait pas, pour les résoudre. Chaque projet n'est pas isolé mais constitue un élément d'une suite cohérente. J'ai des tas de pièces que je dois intrinsèquement monter parce que c'est un besoin et qu'il y a un sens à ce travail. J'espère donc ne pas en avoir fini même si la pièce "Un tramway nommé désir" est très fondatrice.

En quelques années, vous avez beaucoup travaillé. Quels sont vos projets ?

Elsa Royer : J'ai un tout prochain projet pour la fin de l'année 2006. J'ai réalisé plusieurs commandes de mises ne scène pour le Théâtre à Dunkerque et à chaque fois le spectacle a terriblement bien marché donc on me redemande. Le thème en sera le roman noir. L'année dernière, j'avais écrit et mis en scène une pièce autour de "Sim City" de Frank Miller mélangée avec les films d'Humphrey Bogart.

Cette année, je pense proposer une pièce autour du personnage de Sherlock Holmes parce j'ai lu tous les romans quand j'étais petite ! Et je me prenais pour Sherlock Holmes au point de me créer une carte d'identité au nom de Sherlock Elsa avec mon ours pour incarner le Docteur Watson et qui s'appelait Watson Baloo (rires).

Quelles sont les contraintes de ces commandes ?

Elsa Royer : Je dois écrire la pièce autour d'une thématique imposée et la mettre en scène en dirigeant des acteurs que je ne connais pas. La distribution m'est imposée et la seule chose que je connais est le nombre d'acteurs et la répartition homme/femme. Mais ce point ne soulève pas de problèmes.

Et des projets de comédienne ?

Elsa Royer : Je vais reprendre en tournée "La ménagerie de verre" de Tennesse Williams à la rentrée 2006 dans lequel je joue le rôle de Laura. Le fait de connaître l'univers de Tennesse Williams m'a aidé pour jouer ce personnage ainsi que mon histoire personnelle. Car Laura est handicapée avec une jambe raide et jeune j'ai porté un corset orthopédique donc je sais ce que c'est d'être raide.

Auriez-vous aimé jouer le rôle de Blanche ?

Elsa Royer : J'aimerai. Plus tard. Dans dix ans. Oui, j'aimerai.

Dans dix ans pour avoir dix ans de plus au niveau du physique ou pour avoir un vécu de dix années supplémentaires ?

Elsa Royer : Non, tout le drame de blanche est son âge dont elle parle beaucoup. Je n'ai pas l'âge du personnage. Là, ce serait ridicule. J'ai 29 ans mais je parais plus jeune (ndlr : Elsa Royer paraît effectivement très juvénile). Je sentirai ridicule et je ne souhaite pas ridiculiser ce rôle. Ce serait formidable et extraordinaire de pouvoir jouer ce personnage un jour.

La boucle serait bouclée ?

Elsa Royer : Oui.

 

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La chronique du spectacle "Un tramway nommé désir"

Crédits photos : Thomy Keat (Plus de photos sur Taste of indie)


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