"Pop innocente et enjouée".
Difficile de résumer autrement la musique de The Weepies, déjà en soi tout un programme, et ses mélodies bronzées comme la plage de Californie d'où ils viennent. Où ils habitent en tout cas, car, pour sûr, l'exportation de Say I am you s'avèrera difficile au pays du CPE et des manifs.
En fouinant sur leur Myspace, le surfeur médusé constatera la présence de Sarah Mclachlan dans leurs amis. Faute de goût ou musique strictly made for americans ? Personne ne sait…
La critique est facile, autant la défendre. Et dire que Say I am you se compose exclusivement de musiques en mode majeur, soit le mode honni par tous les dépressifs de la planète, de Thom Yorke à Lou Reed. Une manière de dire que "Take it from me", chanson d'ouverture, laisse perplexe par sa mièvrerie et son chant " je chante dans un micro trafiqué" - et puis les violons rentrent en scène à 1.30 - nous sommes tous heureux dans ce pays magnifique-heureusement que notre patrie est là- mais il y a des injustices c'est dur, attention c'est à toi pour ton solo de guitare à deux notes .
Une insouciance à bord de falaise, prête à tomber dans le précipice du vide artistique. Qui se prolonge sur "Gotta have you", bluette pour adolescente tournant ses cheveux sur son lit rose avec la couette Bon Jovi achetée au concert avec papa la veille. Ces gens existent, conseillons leur cet album, comme un éveil musical ou une mauvaise drogue dont il faudra sortir un jour.
Guitares acoustiques bien réelles ("World spins madly on"), et sentiment bien tranchés, la suite de l'album n'est qu'un couloir exsangue conduisant au bonheur très "American Beauty" dans le style, avec ses pavillons et ses compilations de Simon et Garfunkel.
Un instant d'espoir sur "Suicide blonde" . Un peu de piment avec ses guitares en reverb' et l'entremêlement des voix de Deb Talan et Steve Tannen qui pourrait presque rappeler Chris Rea si l'on fermait les yeux. Et puis le réveil avec "Painting by Chagall", le retour à l'americana sirupeuse et ses violons roses comme les fesses botoxées des grands-mères californiennes. L'orgue hammond de "Love doesn't last too long", lucide pour le coup, n'y changera rien ; The Weepies est posé sur une branche cassée.
A écouter en prenant du valium ou toute substance entravant la perception de la réalité. Mauvaise foi, subjectivité ? Exactement. |