Ce qui était une grande fête de village en l'hommage des Terre-Neuvas était devenue un grand festival populaire. Désormais, ce n'est plus un simple événement local mais l'un des plus grands festivals français qui commence aujourd'hui.
Depuis l'an dernier, la programmation s'est ouverte aux artistes internationaux et le succès permettant toutes les audaces, le festival se retrouve cette année avec un formidable menu mêlant une série monumentale de têtes d'affiche françaises, des reformations improbables, des légendes du rock ainsi que quelques clins d'oeil dont seuls ces organisateurs ont le secret et la malice de placer dans leur programme.
Premier jour donc pour une soirée placée sous le signe d'Indochine avec des invités choisis par le groupe comme AqME ou les Wampas pour la deuxième fois à Bobital
Tout commence par le local de l'étape dans sa nouvelle formation. Guizmo , membre de Tryo et originaire de Dinan, présente son nouveau groupe Pause sur la nouvelle seconde grande scène inaugurée pour cette 9ème édition du festival. Un peu de rock, un peu de hip hop, des textes évidemment toujours engagés et un savant mélange qui fait le plaisir des spectateurs présents sous un petit crachin intermittent.
Le crachin s'amplifie, s'arrête, repart, et semble prendre le dessus sur le soleil au moment où Ko et Josephine inaugurent le troisième plateau. Chansons pop, voix douce, guitares vibrantes, un très joli moment en compagnie du groupe breton.
Le public ne cesse de pénétrer la prairie du Louvre. La sécurité aux entrées semble, comme on nous l'avait promis, s'être grandement améliorée malgré quelques petits couacs aux campings, rapidement complets dans l'après-midi.
Une éclaircie et les Tambours du Bronx font les tous premiers pas de 2006 sur la grande scène. Comme depuis près de 20 ans, c'est un surprenant spectacle, une chorégraphie moderne d'une vingtaine de gaillards jouant avec leurs mailloches et leurs bidons. Certains prennent le micro pour chanter sur le rythme des bidons et des bruitages et on reste devant sans sentir qu'il faut réellement venir une terrible averse.
Elles étaient peut-être les ovnis de la soirée, les plus "rock-indé" de tout le festival, et auraient pu faire une jolie découverte pour ceux qui ne les auraient pas vues à la Route du Rock. Le concert de The Organ est annulé.. Problème de transport nous dira-t-on, le matériel était là mais elles étaient en retard. Un festival n'attend pas.
Pour oublier la déception, sous la pluie battante et dans le début de boue, rien de tel qu'un passage par la scène 3 pour redécouvrir AqME . Batterie dévastatrice, bassiste irrésistible avec un chanteur omniprésent et tout sourire, les collaborateurs d'Indochine sur le dernier album présentent leur néo-metal à un public réceptif et encore plein de fougue. Nul doute que certains devraient en garder un peu pour plus tard, la soirée ne fait que commencer.
Sur la scène 1, la tête d'affiche internationale de la soirée arrive tranquillement. Après un rendez-vous manqué l'an dernier aux Vieilles Charrues il est temps de se rattraper avec la pop raffinée des Dandy Warhols. Riches influences, mélodies incroyables, un régal pour les oreilles et pour les yeux.
Encore une petite marche pour naviguer entre les deux grandes structures pour retrouver Bénabar prêt à faire son show. Rien n'a changé depuis ses premières prestations, le chanteur nous conte ses petites histoires, mêlant humour et gravité, sérieux et décontraction et soutenu par son orchestre impeccable il offre au public 50 minutes de chanson française en piochant dans tous ses petits contes réalistes.
Place au groupe de la soirée alors que la nuit commence à tomber sur Bobital. En 2000, Indochine était déjà ici, dans une autre ambiance, avec son cortège de fans mais aussi un certain désamour de la part des critiques et des médias. Paradize est passé par là, le retour du rock aussi. Ce soir ils sont accueillis en champions par les 30000 spectateurs et délivrent toute la puissance de leur rock efficace. Le son est un peu faible pour l'énergie déployée mais la bande à Sirkis parvient à relire les derniers albums en retournant évidemment sur des versions remaniées de leurs anciens tubes.
Après la prestation Indochinoise, Blankass s'avance sur la deuxième grande scène. Fidèles à eux-mêmes, souriants, amicaux, ils égrènent les albums mêlant l'accordéon, les guitares et un rock totalement efficace sans être prétentieux. Le sol est toujours aussi boueux mais on aimerait bien s'asseoir et profiter de la musique tranquillement en attendant le tremblement de terre annoncé.
Déjà à Bobital l'an dernier suite à leur énorme succès populaire, Les Wampas reviennent cette année pour cette soirée très spéciale. Le groupe le plus discrètement adulé de ces 20 dernières années est désormais une pointure prisée dans les festivals et le spectacle donne raison à cette réputation de bêtes de scène. Didier Wampas court, chante, hurle, plonge sous le martèlement punk-rock des musiciens. Arrivé en slip, après un strip tease sur plusieurs chansons, Didier a la bonne idée de se rouler dans la boue et d'invectiver les bretons en leur demandant de se rouler nus dans la boue. Peu de spectateurs n'osent la chose (certains l'ont quand même fait) mais préfèrent lancer de la boue sur le roi Wampas. Le plateau deviendra un terrifiant champ de bataille, Didier heureux de sa blague hilare tandis que le guitariste, malheureusement visé par des indélicats, s'apprête à aller se bagarrer dans la fosse. Le Monsieur Loyal des Wampas semble parfois débordé mais tout se termine bien avec un Où sont les femmes / Petite fille qui verra une cinquantaine de demoiselles se frotter sur la scène à Didier. Le roi.
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