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Interview  (Paris)  26 juin 2006

Jacno et Bortek, Dandys Pop

De l'art d'être un centre de gravité paradoxal.

N'avoir rien accompli et mourir exténué. Le dandy des temps modernes cite souvent Cioran, Oscar Wilde quelque fois, comme un préliminaire à ses frasques nocturnes. Le dandy arpente la rue nocturne, bat le pavé, à la recherche des victimes potentielles, cigarette au coin des dents. Cherchant la muse comme cibles pour des œuvres pour la post-éternité. Nosferatu des temps modernes.

Tant de temps qu'on ne les avait pas croisé justement ces deux vampires, Bortek, leader du groupe mythique pop-glam Jad Wio ayant écumé les scènes à grands coups de cravache, et Jacno, aquoiboniste pop de la chanson française et auteur d'un dernier sublime album, Tant de temps .

Une rencontre improbable et donc nécessaire s'imposait, prendre une leçon de vie avec les dionysiens français les plus hédonistes. Le temps, l'art et l'éternité pour seuls modèles. Interview forcément réalisée sous la forme d'un cadavre exquis. Au delà de la musique.

Je sais que vous avez tous deux demander à écouter ce que faisait l'autre, son dernier album, "Tant de temps" pour Jacno, "Nu Cle Air Pop" pour Jad Wio. Impression de chacun sur l'œuvre de l'autre ?

Bortek : Moi j'aime bien sa chanson contre le sport, Le sport c'est de la merde , parfaite, avec la coupe du monde qui arrive...

Cette chanson, c'est un one shot pile poil dans l'ère du temps non ?

Jacno : Non non, je n'y ai pas pensé une seconde, c'est un petit truc d'humeur comme ça, un clin d'œil. Je suis d'ailleurs surpris par les espèces de polémiques que cela a créé, il y a des gens qui considèrent le sport comme une nouvelle religion avec leur prophète. Ces gens sont les plus intolérants au bout du compte, c'est navrant, c'est drôle, je suis ravi ! Je ne pensais pas que cela pouvait exister, puisque tout a déjà été dit dans tous les domaines.

Justement, cela ne vous surprend pas que les gens s'excitent sur une chanson contre le sport, ce n'est pas un constat un peu navrant ?

Jacno : Tant mieux, cela veut dire qu'ils ne sont pas tous morts (rires), encore du moins…Mais moi il y a un titre que j'ai en tête, dans ton album, avec une histoire de mort…J'aime beaucoup.

Bortek : Tu parles de " Volte mort" non ?

Jacno: Il y a des allusions à la réincarnation non ?

Bortek : Oui tout à fait, c'est la palingénésie, c'est le retour à la vie, c'est une allusion évidente à la réincarnation. Je crois fermement qu'on peut décéder, et si l'on n'a pas notre compte, revenir sur terre. A l'intérieur de la famille, c'est plus facile.

Jacno: Qu'est ce qui te fait penser que c'est plus facile à l'intérieur de la famille ?

Bortek : Parce que c'est plus proche (rires). C'est plus facile de squatter ta nièce enceinte.. La voisine aussi c'est possible ! Tu n'as pas une faculté de déplacement aisée lorsque tu es mort, ça s'apprend finalement !

Jacno : Moi j'ai des doutes là dessus. Je parle de ça de manière très différente, sur l'impression de déjà vu qu'on peut éprouver lors de certaines rencontres. Comme si l'on avait déjà rencontré certaines personnes. Comme si le temps était élastique. C'est une théorie séduisante.

Bortek : Exact. Moi je suis ok pour un truc à plusieurs dimensions, des univers parallèles.

En parlant de temps, on peut vous considérer tous les deux comme des artistes à part, vivants dans une autre réalité, un monde imaginaire et une mystique..

Jacno : C'est le propre de chaque artiste non ?! De toute façon à partir du moment ou tu es artiste, tu rentres dans un monde que tu as créé, dans une bulle hermétique. L'intérêt étant d'augmenter ou réduire la taille de la bulle, y faire rentrer des trucs terre à terre. Personnellement j'ai tendance à prendre les autres pour des martiens…

Comme la théorie selon laquelle les fous internés pensent que les vrais fous sont enfermés dehors…Vos deux albums évoquent de manière différente le noctambulisme et le vampirisme, "L'homme de l'ombre" pour Jacno, "La nuit venue" pour Bortek, comme une façon de se régénérer la nuit. Paris est-elle votre terrain de jeu favori ?

Bortek : La nuit est propice, quand même, à pleins de trucs, il y moins de monde, c'est déjà plus supportable. Le jour, ça brasse, ça travaille, l'impression de réalité est plus forte, c'est plus terre à terre.

Jacno : Le jour c'est l'heure de la sieste non ? On vaque à des occupations diverses, on attend son heure.

Tuer l'autre pour arriver à exister ça vous parle ?

Jacno : C'est pas le but, le vampire donne la vie éternelle, nuance.

Les concerts, moment de magie ou détresse absolue ?

Jacno : Ca risque d'être assez marrant pour moi à la rentrée, puisque ce sera mon " Jacno Sport Tour" , survet'obligatoire pour tout le monde (Rires) ! En général je n'aime pas les concerts, je trouve ça trop figé c'est comme les photos…Mais là je pense que c'est ce que j'ai fait de mieux, alors je me prête au jeu…Il y aura donc une tournée et une grosse date parisienne, forcément.

Bortek : C'est du sport les tournées quand même, émotionnellement ça prend beaucoup d'énergie, une fois que c'est parti on se lâche. Mais nerveusement... La peur de ne pas tout contrôler est insupportable. Le but sur scène reste de transformer cette peur en énergie. Aujourd'hui nous sommes revenus à une formation minimale, Kbye le guitariste et moi-même à la rythmique. Comme la première fois que Jacno nous a vu au Rex club tiens ! On est revenu aux machines du début, naturellement.

Et là je sens que l'envie pour un nouvel album est là, on est en train d'enregistrer le successeur de "Nu Cle Air Pop". On s'est déjà croisé quelques fois. Je me souviens d'avoir vu Stinky Toys à l'école Polytechnique, je ne me souviens plus de l'année. J'en garde un souvenir mémorable, toute cette attitude, cette présence…Ca m'a énormément encouragé à sortir de ma propre timidité, j'avais tellement envie de faire CA, sans savoir à l'époque, mais j'aspirais tellement à donner aux gens.

A être un Rolling Stone, mais un Stone Keupon en fait. Nouvelle génération. Et les Marc Bolan, les Bowie ne sont venus que plus tard. Les avoir vu m'a vachement stimulé, alors que je trouvais ça impossible avant.

Jacno : Merci, trop d'honneur ! C'est marrant la marge, le fossé qui te sépare de la scène quand tu n'y es pas. Au départ, Ellie (Medeiros) et moi ne pensions pas faire un album. Ce n'est que sur scène que j'ai soudain réalisé ce qui se passait…Et puis tu t'entends à la radio, ça commence à marcher. J'ai tout le temps la sensation de composer au piano ou à la guitare dans un état second. Je me réveille le lendemain en me demandant "Qui a fait ça ,".

Comme Jim Morrison qui disait à l'époque que tout le premier album des Doors lui avait été dicté par les étoiles ?

Jacno : Oui je comprends ce qu'il veut dire.

Bortek : On peut être possédé, comme si une force nous guidait. J'ai écrit certaines chansons en étant possédé par une force extérieure, ce n'était pas vraiment moi mais c'est passé par moi. Il parait que les anges se servent de nous pour communiquer dans le monde réel. Après il faut être connecté. Il doit y avoir un truc…

Par rapport à la schizophrénie, je voudrais juste ajouter qu'à la fac j'ai rencontré des mecs qui avaient écrit "Introduction à la psycho-analyse" je me suis dit putain c'est pour moi. J'habitais en face de Sainte Anne et tous les soirs je m'empêchais d'y rentrer. Je voyais bien que j'avais un problème, comme en dehors du réel, en même temps ça allait…Mais ce livre je l'ai pris pour moi, ça a rendu ma folie douce. Ma schizophrénie, je la vois d'un côté poétique, ma folie m'a rendu sage.

Je pense que Jacno et moi nous avons cherché à rendre notre anormalité acceptable, en trouvant le moyen de l'exprimer. Je pense que nous sommes habités par un centre de gravité paradoxale. Un paradoxe instable qui crée l'énergie.

Et cette autobiographie (Ndlr : "Itinéraire d'un dandy pop", Ed. Du Rocher), Jacno, c'est une catharsis ?

Jacno : L'exercice au départ ne me plaisait guère, l'autobiographie terre à terre c'est chiant. Il fallait un mec barré et Albert Algoud était l'homme parfait, à la fois cultivé et rock & roll. Tout ce que je raconte est surréaliste, il fallait donc un traducteur !

Comme par exemple ?

Jacno : Kidnapper des kangourous par exemple.

Vous avez kidnappé des kangourous ?! Pour quelle raison ?

Jacno : Non un seul. C'était pour faire un cadeau. C'était au Jardin des Plantes, et puis on l'a amené en boîte, on l'emmenait partout, puis entre temps il a détruit mon appartement. Il pissait partout… (Crise de rires)

Bortek : Vous l'avez ramené ??

Jacno : Oui, sauf qu'on s'est trompé de cage on l'a mis chez les zèbres.. J'imagine la tête du gardien... Finalement avec Albert j'écoutais les questions en pensant à toutes ces anecdotes. Très bonne expérience.

Bortek : Ecrire l'histoire de ma vie, je veux bien, mais mon désir de contrôle me pousserait à tout écrire moi-même..

La notion de "dandy", vous vous l'appropriez ou vous la réfutez ?

Jacno : Moi j'ai regardé dans le dictionnaire, littéralement on parle de quelqu'un qui est bien habillé, dans ce sens oui. C'est mis à toutes les sauces... Je n'ai pas de modèle, de gens qui m'impressionnent par leurs talents.

Bortek : C'est quelqu'un qui est mal dans son époque, mais ce n'est pas un élégant. Je ne suis pas d'accord avec cette définition. C'est plus sympathique que d'autres définitions malgré tout…

Bortek : Moi j'aimais bien la manière et l'attitude de Brian Jones, très élégant..

Jacno : Je suis d'accord.. Même si le mec est à coté de ses pompes, il n'arrive pas à attraper ses clopes…

L'autodestruction, l'art pour l'art, c'est un penchant vers lequel vous tendez ?

Bortek : Jacno se détruit à l'alcool, moi aux clopes…Ca use nos organismes quand même.

Jacno : Je ne suis pas d'accord, c'est le titre d'une de mes chansons, " French Parad ox". Des études américaines très sérieuses ont prouvé que l'alcool n'était pas négatif. Pourquoi y a-t-il moins de morts chez les gens qui boivent ? Le Bordeaux et le foie gras sont très bon pour la santé, je maintiens. Après il est impolitiquement correct de le dire mais…

Et la cigarette, Dr Jacno ?

Jacno : La deuxième cause de mortalité c'est le stress. Les cigarettes déstressent. Faites votre compte ! (Rires) Oui ce n'est pas bon pour la santé, d'accord, mais il faut bien mourir de quelque chose non ?

Bortek : Et moi je ne peux pas vivre sans psychotropes, pouvoir supporter de vivre au quotidien sans artifice. C'est très difficile.

Jacno : Le goût de la luxure c'est parfait…

 

En savoir plus :

Le site officiel de Jacno
Le site officiel de Jad Wio

Crédits photos : Thomy Keat


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# 28 juin 2020 : Nouvelle Vague ?

Le premier tour des élections municipales fut le signe du début du confinement. Espérons que ce second tour ne sera pas l'appel à un second confinement. Quoi qu'il en soit : Soyez prudents, soyez heureux et cultivez vous ! c'est parti pour le sommaire en commençant par le replay de la Mare Aux Grenouilles #4 (eh oui déjà !)

Du côté de la musique :

"Grand prix" de Benjamin Biolay
"The Beethoven collection Vol1 : Sonatas by Clementi, Hummel, Dussek and Wolfl" de Jean-Efflam Bavouzet
"Eivind Groven Symphonies N°1 & 2" de Kristiansand Symphony Orchestra sous la direction de Peter Szilvay
"L'heure bleue" de Marianne Piketty, Le Concert Idéal
"Tu rabo Par'abanico" de Marion Cousin & Kaumwald
"Veines" de Merakhaazan
"Silas" de Silas Bassa
et toujours :
"As found" de Fugu
"Désordres" de Austyn
"Anda Lutz" de Cie Guillaume Lopez
"A l'instinct A l'instant" de Daniel Jea
"Cérébro dancing" de Epilexique
"Cobra" de François Club
"Coquette" de Hailey Tuck
"Springtime with no harm" épisode 18 des mixes de Listen In Bed
"Fanfare XP, volume 2" de Magic Malik
"Avec son frère" de Volo
"Safeplace" de Yadam

Au théâtre dans un fauteuil de salon avec :

des créations :
"Démons" par Lorraine de Sagazan
"Misery" de William Goldman
"L'obéissance de la femme du berger "de Sergio Martínez Vila
"Migraaaants" de Matéi Visniec
"Le Remplaçant" d'Agnès Desarthe
"Portrait d'Amakoé de Souza - Salade Tomate Oignon" de et par Jean-Christophe Folly

"La Chose Commune" de David Lescot et Emmanuel Bex
de la comédie de boulevard :
"Hier est un autre jour "de Sylvain Meyniac et Jean-François Cros
"Madame Doubtfire" de Jaja Fiastri
"Le Clan des divorcées" de Alil Vardar
"A gauche en sortant de l'ascenseur" de Gérard Lauzier
du côté des humoristes :
"Mimie Mathy - J'adore papoter avec vous"
"Denis Maréchal - J'dis franchement"
dans le répertoire classique :
"Le Jeu de l'amour et du hasard" par Catherine Hiegel
"Roméo et Juliette" par Eric Ruf
Shakeaspeare :
à l'anglaise au Globe Teater : "Macbeth"
et en comédie musicale "Roméo et Juliette, de la haine à l'amour" de Gérard Presgurvic
et de l'Opéra revisité :
"La Traviata" de Verdi par Simon Stone
"Cendrillon" de Jules Massenet par David Hermann

Expositions :

en "real life" avec la réouverture progressive des musées :
"Pompéi" au Grand Palais
"Turner, peintures et aquarelles - Collection de la Tate" au Musée Jacquemart-André
"Harper's Bazaar, premier magazine de mode" au Musée des Arts Décoratifs
"Christan Louboutin - L'Exhibition[niste]" au Palais de la Porte Dorée
"Otto Freundlich - La révélation de l’abstraction" au Musée de Montmartre
"Cézanne et les maîtres - Rêve d'Italie" au Musée Marmottan-Monet
"Coeurs - Du romantisme dans l'art contemporain" au Musée de la Vie romantique
"Les Contes étranges de N.H. Jacobsen" au Musée Bourdelle
les Collections permanentes du Musée Cernushi
"Le Monde selon Roger Ballen" à La Halle Saint Pierre
"Helena Rubinstein - La collection de Madame" et "Frapper le fer" au Musée du Quai Branly
"Monet, Renoir... Chagall - Voyages en Méditerranée" à l'Atelier des Lumières
"La Force du dessin - Chefs-d'oeuvre de la Collection Prat" au Petit Palais
"Esprit es-tu là ? Les peintres et les voix de l'au-delà" au Musée Maillol
"Le dessin sans réserve. Collections du Musée des Arts Décoratifs" au Musée des Arts Décoratifs
et en passant par la Lorraine, découvrir la Villa Majorelle œuvre de style Art nouveau.

Cinéma at home avec :

"Riens du tout" de Cédric Klapisch
"Noïse" de Henry Bean
"Sous surveillance" de Robert Redford
"La romancière" de John McKay
au Ciné-Club les années 50 :
"Un drôle de Dimanche" de Marc Allégret
"La vie à deux" de Clément Duhour
"L'homme au million ("The Million Pound Note") de Ronald Neame
des incontournables japonais :
des figures tutélaires :
"Tokyo drifter" de Seijun Suzuki
"A blind woman" de Teruo Ishii
et des plus jeunes :
"Mr Long" de Sabu
"Ichi, la femme samouraï" de Fumihiko Sori
et des raretés avec une sélection "Court metrage" :
"Le Chant du styrène" de Alain Resnais
"La chambre" de Chantal Akerman
"Pauline" de Céline Sciamma
"La traversée de l'Atlantique à la rame" de Jean-François Laguionie

Lecture avec :

"Be my guest" de Priya Basil
"De Gaulle sous le casque" de Henri de Wailly
"La faiblesse du maillon" de Eric Halphen
"Les jours brûlants" de Laurence Peyrin
et toujours :
"Le jour où Kennedy n'est pas mort" de R.J. Ellory
"Mauvaise graine" de Nicolas Jaillet
"Une immense sensation de calme" de Laurine Roux

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Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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