Agencée selon un parcours urbain de ville américaine, murs blancs, cloisons partielles en verre ouvrant sur d'autres salles et ouvertures sur le ciel et les toits de Paris, l'exposition "Los Angeles 1955-1985 : Naissance d'une capitale artistique" nous invite à suivre les méandres foisonnants de la création artistique à Los Angeles en suivant un parcours chronologique.
Los Angeles, la mégapole tentaculaire de l'Ouest des Etats Unis, constituée d'un mosaïque de communautés, ville du merveilleux Disneyland et berceau du glamoureux Hollywood est devenue, en trente ans, le creuset de l'art américain contemporain et une scène artistique internationale toujours vivace.
Une large sélection de peintures, sculptures, installations, photographies, films et vidéos témoignent de ce bouillonnement artistique qui affecte surtout les arts plastiques.
Alors même qu'on leur opposait des critiques tenant au manque de fondements théoriques et à son mauvais goût, le recul et l'analyse attestent de ce que les artistes de Los Angeles, dont la personnalité est pour le moins hors du commun, souvent psychotique, ont élaboré un art essentiellement conceptuel sous des apparences débridées et hautes en couleurs.
Ce qui implique d'une part, le rejet de toutes les formes classiques, à l'image de la composition explicite de Richard Jackson, dans laquelle la peinture est étalée hors des toiles montrées face contre le mur, ou les assemblages de David Hammons ou ls installations narratives d'Edward Kienholz laissant une large part à l'interprétation.
La finalité est de privilégier les oeuvres qui interpellent par tous les moyens possibles, du spectaculaire au provocateur, du revendicatif au subversif et d'autre part initie une profonde réflexion sur le sens de l'art.
Considérant l'art comme lieu de communication et de rencontre, ils prônent un art expérimental qui remet en cause la notion même d'œuvre d'art et de son statut quand que celle-ci est issue d'une performance éphémère, réalisée avec des objets divers comme ceux de Mike Kelley ou les constructions en blocs de glace d'Allan Kaprow, ne conserve aucune réalité physique.
Il en est de même des installations à géométrie variable ou des expositions collectives réunissant des œuvres de plusieurs artistes.
Fortement impactée par la mouvance Beat, férue d'expérimentations sensorielles, et le Pop Art (le ketchup Heinz fait la nique à la soupe Campbell de Warhol) qui peut confluer vers l'art conceptuel (avec la vitrine d'assiettes du All's Café d'Allen Rupperberg , les artistes explorent tous les possibles.
Et si on parle de la scène artistique de Los Angeles, celle-ci est loin d'être uniforme.
A l'exubérance excentrique répond le minimalisme conceptuel avec le mouvement Light and space ou les oeuvres de Craig Haufman et John Mc Cracken
De nombreux courants artistiques naissent à partir de trois sources d'inspiration, le pop art, le surréalisme et l'art conceptuel, dont la symbiose ou la déclinaison passent souvent par l'exploration et la performance.
L'art conceptuel des photo-montages de John Baldessari, le surréalisme de Joe Goode ("Bouteille de lait") et d'Edward Ruscha ("En colère parce que c'est du plastique pas du lait" et "The back of Hollywood")
L'hyperréalisme avec le "Mike's Pool Hall" de Michael Mc Millen et les "100 bottes dans leur squatt" d'Eleanor Antin.
Deux tendances se dégagent : l'art engagé comme arme de subversion et de revendication et l'art médium permettant la transcendance individuelle.
Subversion et engagement notamment avec les mouvements des minorités qu'il s'agisse des femmes avec le féminisme initié par Judy Chicago et Miriam Schapiro ou les artistes chicanos du groupe ASCO.
La contre culture avec "Painting with a chattering man" de Jonathan Borofsky ou "Comment fonctionne une table" de Charles Ray;
Et la peinture n'est pas morte avec les toiles de Lari Pittman ("The new republic" et "An american place").
Bien évidemment, l'exposition se clôt sur la diffusion de trois films expérimentaux dont l'un très étrange "L'inauguration du dôme du plaisir" de Kenneth Anger sur la thématique de l'occultisme.
L'exposition est riche et le visiteur n epeut rester passif ou indifférent devant les oeuvres exposées qui atteignent finalement leur but.
Et de ce point de vue, cette exposition est une belle réussite. |